la contrebande sur la frontière Suisse

La Révolution Française dans l’Ain réactive les chemins de contrebande avec la Suisse. En effet, si au XVIIIe la contrebande emprunte les chemins de la Suisse et de la Franche Comté pour transporter le tabac et le sel, à partir de 1791, la contrebande avec la Suisse, par le lac de Genève, les monts entourant Fort l’Ecluse et ses mandements, se spécialise dans la fuite de France des capitaux et des subsistances. Cette contrebande organisée, profite de l’enclavement des mandements genevois et du découpage « déchiré » de la frontière. Bien qu’inférieure au trafic Suisse – Savoie, la contrebande dans l’Ain est plus difficile à faire car elle doit emprunter la terre. Pour venir jusqu’en France, les contrebandiers bénéficient du lac de Genève pour arriver au mandement de Genthod et du Rhône pour aller au mandement de Peney. Là, ils doivent franchir la frontière par la terre. Toutefois, une petite contrebande venant du Valais et du Jura s’effectue à pieds, à voiture et à dos de bêtes. Mais elle est trop coûteuse et trop dangereuse.

La contrebande avec la Suisse profite aussi du problème de l’établissement des douanes dans l’Ain. Dès mars 1791, dans le district de Gex, 12 communes se portent volontaires pour accueillir un bureau de douane pour un total de 90 préposés au 15 mai 1793. Cela aboutit jusqu’en l’an II, à des luttes entre communes, surtout Collonges et Meyrin, pour garder leur bureau de douane. A ces tergiversassions néfastes se joint une situation de fait étonnante ; en effet, 3 communes situées sur la frontière franco-genevoise n’ont pas de bureau des douanes, ce qui ne pose pas de problèmes jusqu’à la prise de conscience du district de Gex, le 20 juin 1793, qui enjoint naïvement aux habitants d’aller faire leurs déclarations aux douanes de Divonne ou Saconnex, lorsqu’ils se déplacent en voiture. De plus l’état de vétusté des locaux douaniers, notamment à Meyrin et à Bellegarde, et le misérabilisme de la situation financière ne peuvent qu’apporter une pierre à l’édifice contrebandier déjà très stable. En l’an III, le reflux des militaires de la frontière franco-genevoise, à cause du déplacement du front dans les plaines d’Italie, jusqu’en l’an V, apporte une sérieuse contribution à la mise en place efficace d’une contrebande industrieuse.

 

Jérôme Croyet

docteur en histoire

 

président de la SEHRI

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