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les éclaireurs dans le Vaucluse

Si, le 29 frimaire an IX, la réaction consulaire s’impose pour la 8e division, dès le 13 mars 1800, un arrêté des Consuls tente ce circonvenir au brigandage dans la Drôme, l’Ardèche, le Vaucluse et les Basses-Alpes. Pour cela, le général Ferino «est revêtu  de pouvoirs extraordinaires dans les départements de la Drôme, de Vaucluse, des Basses-Alpes et de l'Ardèche. Il réunira la gendarmerie nationale, plusieurs colonne de troupes, requerra les gardes nationales dont il pourrait avoir besoin, et se mettra dans le plus court délai, à la poursuite des brigands.  Il fera juger par une commission militaire et exécuter sur-le-champ,  ceux qui seront pris les armes à la main ». Ces mesures draconiennes ont semble t il assez vite de l’effet. Le 14 mai, Moreau est informé de la situation. Si les brigands sont matés en Drôme et dans les Basses-Alpes, l’Ardèche et le Vaucluse sont considérés comme « un noyau de Vendée ». Ce dernier, alors commandant en chef de l’armée du Rhin, prend aussi de son côté des mesures pour lutter contre le brigandage dans l’Ardèche et le Vaucluse.

Ainsi, de l’an X à l’an XIV, différentes formations d’éclaireurs vont surtout parcourir le département du Vaucluse, où les tensions entre civils et militaires sont constantes[1]. Si, le 15 janvier 1801, le ministre de la guerre fait descendre en caserne sur Avignon un escadron du 3e dragons cantonné à Dijon, les différentes corps d’éclaireurs ne sont composés que de fantassins. En l’an XII, il s’agit de 50 hommes du 2e bataillon de la 72e demi-brigade. De vendémiaire an XIII à pluviôse an XIV, il s’agit de fusiliers du 23e régiment d'infanterie de ligne puis en ventôse et germinal an XIV, de chasseurs du bataillon de la Légion Hanovrienne. Le 23e régiment d'infanterie de ligne est déjà cantonné à Avignon en l’an XII mais s’en éloigne suite à des ordres de Berthier, le 2 juillet 1804, pour se rapprocher de Marseille, «afin de se trouver plus à portée des côtes ».

Les opérations dans le Vaucluse ne mobilise pas toujours des effectifs similaires. Ainsi, le début de l’an XIV, sans doute à cause du froid, mobilise moins de fusilier du 23e que les opérations des mois de l’hiver an XIII. De même, le printemps arrivant, les chasseurs mobilisés de la Légion Hanovrienne sont 2 fois plus nombreux en germinal (66) qu’en ventôse (33). En moyenne, ce sont des colonnes de 33 hommes, y compris les sous officiers et le tambours qui parcourent le Vaucluse à la recherche des brigands. Les colonnes de l’an XII sont plus fortes que celles de l’an XIII, qui toutes deux restent bien inférieure à celle qui parcoure une dernière fois le département au printemps de l’an XIV. Les éclaireurs du Vaucluse sont dissout le 14 germinal an XIV. Entre l’an X et l’an XIV, leur emploi coûte 17 770 francs, à l’Etat mais aussi au département. Les payements de ces corps se fait par mois, en remboursement des frais d’étapes, souvent suite à l’insistance répétée du chef de la colonne.

A compter de germinal an XIV, suite à la formation de la grosse colonne d’éclaireurs, le brigandage semble, officiellement, terminé dans le Vaucluse. Toutefois, la mobilisation des troupes est en cours pour la campagne de 1805 et le problème du brigandage dans le Midi ne fait que s’atténuer pour réapparaître en 1815.

 

Jérôme Croyet
président-fondateur de la SEHRI


[1] Le 30 octobre 1801, un rapport du ministre de l’Intérieur fait savoir que le maire et le préfet d’Avignon, mécontents du commandant d’armes et du chef de bataillon Rousseau. Le ministre de la Guerre est encouragé « à faire cesser toutes ces plaintes, en prenant avec l'autorité civile les formes de déférence et de respect convenables ». De même, le 24 mai 1804, « Sa Majesté Impériale a vu avec peine que le général Chabran, dans le discours imprimé prononcé devant le collège électoral du département de Vaucluse, n'a pas tenu un langage conforme à la dignité de ses fonctions. Ce président a demandé la faveur de l'assemblée, et sa conduite seule devait la lui assurer. Il a paru solliciter les suffrages, en pressentant qu'il ne les obtiendrait pas. Ce n'est point ainsi qu'il devait parler pour se concilier l'estime des membres de l'assemblée ».

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