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les pupilles de la Garde : notes et archives

En décembre 2011, je publiais, avec le soutien de mon camarade Ronald Pawly, un article de référence sur les Pupilles de la Garde.

Je vous invite aujourd'hui à découvrir ces petits soldats à travers les notes de cet article sur l'année 1811.

 

Le 22 avril 1811, après que napoléon est fait connaître son intention de ne plus accorder la solde de la Garde aux Pupilles, le 18, le ministre de la Guerre invite le Directeur général des Revues à révoquer les ordres données pour fixer la solde sur le pied du 2e régiment de grenadiers à pied.

Toutefois, le 6 mai, le bureau de la comptabilité de la Garde soumet dans un rapport au ministre de la Guerre, le projet que Napoléon accorde que le régiment soit traîté comme le régiment des Gardes Nationales, c’est-à-dire assimilé à la ligne à l’exception du major-commandant venant de la Garde. Ce qu’il fait, le 6 juin suivant.

Le 6 juin 1811, Napoléon modifie l’habillement du régiment, en indiquant « que les pupilles qui font actuellement partie du corps, ne prendront le nouvel uniforme qu’au fur et à mesure des remplacements ».

Dès lors le recrutement du régiment est confié à la gestion du ministre de l’Intérieur qui, le 19 juin 1811, édite un règlement relatif à l’appel des enfants à fournir par les hospices de l’Empire pour compléter le régiment.

Le 19 juin 1811, appel de 1700 « individus », de fait des enfants ou de très jeunes hommes « dont l’entretien et l’éducation sont confiés à la charité publique ».

Cette levée se fait avant le tirage au sort de la conscription et ne vise que des enfants de 15 ans au moins et pas encore majeur.

Les enfants entrant dans ce cadre d’appel doivent être rendus à la sous-préfecture, où, logé à l’hospice, ils subissent l’examen. Sont désignés à partir à la caserne à Versailles, les enfants les mieux constitués des listes. Une fois désignés, ils sont considérés règlementairement comme des conscrits.

Dès la deuxième quinzaine d’août 1811, les contingents d’enfants de divers hospices de l’Empire sont dirigés sur Versailles.

Le 30 août 1811, le régiment des Pupilles est porté à 8 bataillons cantonnés le long de la Manche1 et un bataillon de dépôt à Versailles2. Cette disposition est confirmée par l’état du casernement de la Garde du 31 août 1811. Le régiment compte désormais théoriquement 8 000 hommes.

Le 1er septembre 1811, le ministre de l’intérieur se félicite auprès de Napoléon de la réussite de la levée du 30 mars : « on a considéré cette levée comme un bienfait pour les enfants. Rien ne le prouve mieux que la promptitude, l’ordre, le calme et la facilité avec lesquels elle s’est exécutée dans tous les départements »3.

25 septembre 1811, circulaire du Directeur général de la comptabilité des communes et des hospices aux préfets prescrivant le contingent d’enfants4 de plus de 15 ans à fournir pour le régiment des Pupilles de la Garde.

Napoléon semble si content de l’utilisation de ces jeunes de plus de 12 ans, dont le coût es t de fait à la charge des mairies et des départements, qu’il propose à Eugène, le 3 octobre 1811, de « former un bataillon de tous ceux qui ont plus de 15 ans ».

« Du fait qu’ils sont mal surveillés durant les étapes, beaucoup d’orphelins se fondent dans la nature. A tel point…que l’Empereur est obligé d’ordonner une nouvelle levée le 6 octobre 1811 »5. Dès lors, les enfants envoyés au régiment sont soumis à la même surveillance que les conscrits en route, en étant encadrés par des militaires de ligne.

Le 19 octobre 1811, un nouveau décret impérial, augmenté le 4 décembre 1811, réorganise le régiment en l’augmentant à 8 075 hommes mais surtout en décrivant son organisation et sa composition complète, ce qui n’avait pas été fait jusque là.

En novembre 1811, seuls les deux premiers bataillons du régiment perçoivent l’habit de drap vert. Les autres sont habillés avec des vêtements blancs hollandais dont les fournitures se trouvent en grande quantité à la caserne.

Fin novembre 1811, 455 enfants sont renvoyés du régiment pour faiblesse ou défaut de taille.

Le 5 décembre 1811, le ministre directeur prévient les préfets que Napoléon a autorisé les engagements volontaires dans les Pupilles ainsi que le placement de mineur de 15 ans du fait de la volonté des parents. Plus que l’âge c’est la taille qui définit la possibilité de s’engager volontairement aux Pupilles6.

Le 6 décembre 1811, une note de Napoléon destine le drap vert aux pupilles de plus de 17 ans et ou forts et vigoureux dans les bataillons, qui devront former en janvier, deux bataillons pour servir à la suite de l’armée. « Ces hommes grandissant auront besoin d'être habillés ; alors ils laisseront leurs habits blancs au corps ; on enverra du drap vert et on les habillera sur leur taille. Il faut se servir du drap vert, afin de laisser le blanc aux régiments de grenadiers hollandais »7.

A partir du 12 décembre 1811, le régiment n’est ouvert qu’au jeunes hommes de 16 ans et plus, bien constitués. Napoléon prend garde toutefois de ne pas les considérés comme des hommes, puisque le 16 décembre, il demande au ministre de la Guerre que leurs marches ne se fassent qu’à demi étape avec un séjour tous les quatre jours8. En conséquence, le ministre de la Guerre réquisitionne 2 000 enfants elévés par les hospices pour être incorporés dans le régiment des Pupilles. Le 17, une instruction sur le recensement des jeunes de plus de 16 ans se trouvant dans les hospices est envoyée aux préfets9.

Le 12 décembre 1811, Napoléon arrête que, désormais, seuls les enfants de plus de 16 ans et d’au moins 1m 54 soit 4 pieds 9 pouces, pourront entrer aux Pupilles. Les enrôlés volontaires quand à eux ne peuvent dès lors pas avoir plus de 25 ans.

Le 24 décembre 1811, un décret règle l’uniforme des Pupilles. Il étend l’usage du drap vert au « 1er, 2e, 3e et 4e bataillons du régiment des pupilles, les deux premières compagnies du dépôt et le petit état-major du même corps » qui toucheront un « habit de drap vert, gilet de drap vert, pantalon de tricot vert ». « Les 5e, 6e, 7e et 8e bataillons du régiment des pupilles, les 3e et 4e compagnies du dépôt du même corps seront vêtus d’habits de drap blanc, gilet de tricot blanc, pantalon de tricot blanc… Les distinctions affectées à l’uniforme seront en drap cramoisi ». Le régiment se voit doté « d’une capote en drap beige semblable à celle qui est affectée aux corps militaires d’infanterie de ligne et légère ». « Les schakos du régiment des pupilles seront ornés d’un aigle, d’un cordon et d’un pompon. Les gibernes du même corps seront ornées d’un aigle, les boutons de tout le corps seront en cuivre, et ils porteront un aigle pour emblème » marquant, malgré la solde, l’appartenance à la Garde. Pour un corps qui ne devait avoir ni grenadiers, ni chasseurs, « on formera sur le champ les deux premiers bataillons avec des hommes d’élite choisis sur tout le régiment…[qui] seront habillés à Versailles. Les habits actuels des hommes qui y seront admis passeront, savoir : les habits verts aux 3e et 4e bataillons, aux hommes du petit état-major et aux deux premières compagnies du dépôt, les habits blancs aux 5e, 6e, 7e et 8e bataillons et aux 3e et 4e compagnies du dépôt ».

Même si le régiment reste attaché à la Garde, les prérogatives qui y sont attachées s’amenuisent de jour en jour : le 29 décembre 1811, les pupilles ne reçoivent plus la masse de chauffage et de casernement de la Garde mais celui de la ligne.

 

Jérôme Croyet

président-fondateur de la S.E.H.R.I.

 

1 Le 1er bataillon est à Rouen, le 2e au Havre, le 3e à Fécamp et Valéry, le 4e à Dieppe, le 5e à Boulogne, le 6e à Dunkerque, le 7e à Caen et le 8e à Granville. Toutefois la vie des pupilles ne semble pas y être idyllique « : il parait que l’on fait éprouver de mauvais traitement à ces jeunes gens du moins ceux qui se trouvent dans les ports de mer et incorporés avec des Hollandais ». Rapport envoyé au Ministre de la Guerre par le général hulin. Paris, 25 décembre 1811.

2 Ce dernier accueille les recrues, les habille et les équipe avant de les diriger sur les dépôts où ils sont incorporés et donc soumis à l’instruction.

3 Rappotr du ministre de l’Intérieur à Napoléon, Paris, 1er septmebre 1811. A.N.

4 C’est à dire, les enfants trouvés, abdaonnés et orphelins pauvres.

5 RIGO : « Les Pupilles de la Jeune Garde – un régiment européen in Tradition Magazine n°.

6 Les enfants de 15 ans admis sur demande des parents doivent faire 1m 67, ceux qui s’enrôlent de l’âge de 16 à 18, avec le constement de leurs parents, doivent faire 1m 64 minimum et ceux de 18 ans faire au moins 1m 67.

7 Lettre de Napoléon à Lacuée, Paris, 6 décembre 1811.

8 Une décision du ministre de la Guerre du 23 décembre donne une halte tout les trois jours.

 

9 Le 27 décembre 1811, le rpéfet de Saône-et-Loire demande au maire de Mâcon de faire le recensement de ces jeunes hommes   

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