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1854 : les prémices de la guerre de Crimée

 

 

Au nom de l’économie et de la religion

La Russie a pour ambition de dominer les détroits du Bosphore et des Dardanelles. En effet, depuis l'indépendance de la Grèce, le tsar veut démanteler l’Empire Ottoman affaibli en cherchant à imposer son influence sur les provinces slaves des Balkans. Le but est d’obtenir, par la mer noire, des débouchés économiques en Méditerranée. Pour arriver à ses fins, le tsar joue le pan-slavisme en invoquant le prétexte des lieux saints placés sous autorité turque, dont les habitants, chrétiens orthodoxes, devraient dépendre de l’administration russe. Ce pan-slavisme est renforcé en 1851 par les concessions du Sultan faites à la France, ce qui aggrave la rivalité franco-russe.

De son côté, l'Angleterre cherche à préserver ses intérêts commerciaux avec le Proche-Orient, durement conservés en 1800 face à Bonaparte, et garantir la route de la soie. La France, officiellement protectrice des Lieux saints et des catholiques depuis 1851, veut éviter la formation d'une coalition entre l'Autriche et la Russie contre l'Empire ottoman. Son rapprochement avec l’Empire Ottoman est renforcé avec l’arrivée en 1852 d’Abdel Kader à Constantinople, de Marseille où il passe les troupes en revue.

Malgré le rapprochement franco-britannique, ces derniers sont d’abord favorables aux Russes et sont mêmes inquiets des dispositions prises par la France lors de l’envoi flotte d’observation envoyée à Salamine en 1853 : en effet, l’Angleterre ne veut plus d’une puissance française en Europe. Toutefois, avec le déclaration de guerre l’Angleterre se rallie immédiatement à Napoléon III après l’annonce imprévue de l’ultimatum russe, repoussé par la Sublime Porte. Ce revirement de situation marque les débuts d’une collaboration avec la déclaration de guerre conjointe de la France et de la Grande-Bretagne aux côtés de leur allié turc contre la Russie, le 27 mars 1854. Le 10 avril, l’alliance entre les deux empires est officialisée. La France reprend une place dans le concert des Nations européennes.

 

Marseille : port des opérations

Alors que se met en route les opérations vers la Crimée, Marseille, port civil profite de l’urbanisation liée à son essor industriel qui bénéficie de la situation de la ville et de son porte en Méditerranée. Si pour Marseille, le Second Empire est synonyme d’endormissement politique il sonne le réveil économique de la ville.

Durant le Second Empire, Marseille va voir son port économique devenir un port militaire, la porte des armées vers la Crimée, l’Italie et la Chine.

Si Marseille était boudé par Napoléon 1er, Napoléon III fait de fréquente visite à la ville dont la vie est rythmée par les revues de la garnison. Durant cette période, Marseille plus qu’aucune ville, voit défiler une grande partie de l’armée française. Napoléon III vient une première fois à Marseille le 26 septembre 1852, poser la première pierre de la cathédrale et du palais de la Bourse.

Dès mars 1854, une quarantaine d’officiers anglais sous les ordres du général Moore arrivent à Marseille pour superviser les préparatifs de l’expédition. Dans un premier temps les préparatifs sont désorganisés ; la coordination nécessaire des mouvements est absente et la tranquillité de Marseille en fait les frais.

Avec la campagne d’Orient, les mouvements de troupes sont fréquents. Le camp de Sathonay, alors dans l’Ain, sert d’étape sur les routes des régiments qui partent de Marseille, comme les 25 et 27 mai 1855, où, les 3e et 4e batteries du régiment d’artillerie de la Garde arrivent sur Lyon venant de Versailles pour se rendre à leur lieu d’embarquement.

 

Les ennemis de Waterloo

Lorsque débute la guerre de Crimée, la France et l’Angleterre ne sont raprochées que sur les papiers. Pour bons nombres de Français, l’Anglais, c’est celui de Waterloo. En effet, seules 40 petites années séparent les deux événements et certains participant comme l’anglais Raglan ont participé à la bataille de la Morne Plaine. Pour beaucoup de militaires français, les souvenirs des régiments se fondent dans la mémoire du 1er Empire, auxquels leur père ont participé, et à Napoléon 1er, à travers Napoléon III.

 

Le retour sur le trône de la dynastie impériale en la personne du neveu de Napoléon Ier ne résonnait-il pas, en effet, comme une menace sur l’ordre établi depuis le congrès de Vienne de 1815 ? Parmi les États inquiets, la Grande-Bretagne se place au premier rang. Se remémorant les luttes acharnées de ses pères contre la Révolution française puis le Premier Empire, la couronne britannique se montre fort méfiante et réticente vis-à-vis de Napoléon III. Néanmoins, les alliances ne sont plus les mêmes qu’au début du siècle et le nouvel Empereur, anglophile, multiplie les rapprochements avec la reine Victoria, dont les mauvaises langues disent qu’elle n’est pas insensible à son charme.

 

Asso S.E.H.R.I

 

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