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juillet 1808 : sale été à Berlin

Grande Armée

Force publique

 

Rapport du 23 juillet 1808

 

L’épouse de mr Boumann, colonel d’artillerie à cheval prussienne à Berlin a été condamnée à deux ans de détention pour avoir volé à trois reprises différents officiers français logés chez elle ; elle en a donné pour cause que le mal aise l’a forcé à cette action.

Le sousigné ne doit pas laisser ignorer Son Altesse Sérénissime, que la misère des habitants est très grande et qu’elle augmente de jour en jour.

Une infinité de femmes d’officiers et d’employés de tout grade, qui sont venus à l’armée avec enfants, femme de chambre et domestiques, augmentent cette charge ; d’autres individus, qui devraient habiter leur cantonnement où les Etats de la Marche leur payent leurs frais de table, habitent néanmoins la ville [de Berlin] et sont très à charge des habitants qui, instruits de ces abus, s’en plaignent amèrement.

L’esprit public a beaucoup perdu depuis quelques temps et perd journellement. Il n’y a pas de doute qu’il n’y ait de meneurs parmi le peuple, notamment les officiers prussiens tant civils que militaires, qui se trouvent oisifs, sans place et sans traitement, conséquemment dans un état de misère et à la veille de mendier leur pain.

Ils font courir des faux bruit en abondance tant à Berlin qu’en Silésie. (le sousigné a reçu 4 lettres tendant à une insurrection adressées à quatre officiers prussiens qui eux mêmes les ont de suite remises à la gendarmerie. Les ordres sont donnés pour faire des recherches rigoureuses sur les auteurs anonymes).

Quantité d’officiers et soldats prussiens ont pris service en Autriche, il serait à désirer qu’on puisse les prendre de préférence au service de la France mais la plus grande partie en est mariée.

Il existe beaucoup d’armes parmi les habitants de cette ville, le sousigné estime qu’il serait prudent d’ordonner un second désarmement.

Le nombre de militaires malades augmente toujours, et les hôpitaux demandent une surveillance particulière.

L’Autriche continue son recrutement et les dispositions de la levée en masse. Les voyageurs y sont scrupuleusement surveillés sur les frontières. On croit que la guerre se déclarera au 1er jour.

La désertion des troupes autrichiennes est assez conséquente.

Le Prince Auguste Ferdinand vient de partir d’ici pour Koenigsberg et on dit publiquement que c’est pour commander l’armée en Prusse.

Un grand nombre de juifs des départements limitrophes du Rhin arrive à l’armée avec des passeports signés de mms les préfets, sous titre de marchands et commerçants, mais la plupart de ces êtres ne vient que pour voler, tromper et escroquer. Il serait à désirer que mms les préfets n’accordent pas des passeports à cet effet, qu’à des gens très connus.

Le 8 de ce mois, un incendie a éclaté dans la commune de Rossing à 4 lieues de Hanovre. 31 maisons et appartements ont été la proie des flammes. On est à la recherche des auteurs de cet incendie.

Le 7, auparavant, vers les 10 heures du soir, le feu a aussi pris à Sochaczew. Malgré le prompt secours, 68 maisons ont été brûlées ainsi que trois chevaux du train d’artillerie qui étaient placés dans l’écurie où le feu a commencé.

Le 22, vers les 9 heures du matin, le feu s’est manifesté dans la grande forêt Royale de Hamgelsberg, contigue à d’autres forêts et à 4 lieues de Meinelberg.

A 4 heures du soir, déjà deux lieues de forêt étaient en cendres et le feu n’était pas encore éteint. Il a été l’effet de l’imprudence du nommé Schoenenberg, manœuvre au village de Kagel, qui a fait du feu sur la rive du bois, qui par sa négligence à l’éteindre, a gagné la forêt.

Berlin, le 23 juillet 1808

Le général commandant la force publique à la Grande Armée

 

Laner

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