Lettre de Victor Fournet, commandant un goum au 2e RTM, Capitaine D.G.S.S. à son père à Saint Etienne dans la Loire :
Région de marrakech
Mehalla chérifiennes
Marrakech le 28 mars 1941
Cher papa,
Chère Zezette et Jean
Nous venons de recevoir votre lettre du 23 mars et nous sommes heureux des bonnes nouvelles qu’elle nous apporte.
Merci infiniment du mandat que ta lettre contenait. Nous avons pensé à vous pour mon anniversaire.
Quand aurons-nous l’occasion de passer une fête ensemble ? c’est un gros point d’interrogation.
Je ne vois pas la possibilité d’aller en France cette année. Nous n’avons plus, avec notre nouveau régime que 15 jours de permission par an.
D’autre part, les permissions de se rendre en France ne sont accordées qu’au compte goûte et pour des motifs très exceptionnels.
L’été approche à grands pas, il est très dur à Marrakech, qui est à la même latitude que Figuig et dans une plaine à 2mm d’altitude. Le thermomètre depuis juin jusqu’à octobre, monte chaque jour aux environs de 50° à l’ombre, on voit même parmi les périodes de canicules 52° et parfois 54° et les maisons rendent la nuit, al chaleur qu’elles ont emmagasinées.
Il faudra que Petitjean et Billy s’en aillent quelques temps, soit à la montagne soit sur le bord de la mer, car le climat très sain, normalement, est très fatigant l’été pour les enfants.
Jusqu’à présent Jacqueline se porte bien, elle a beaucoup d’appétit et les restrictions ne se font pas trop sentir heureusement. Les pommes de terre manquent actuellement, mais on se rattrape sur les œufs et les légumes verts. Nous allons vous adresser un autre colis, l’exportation des dattes et des figues est provisoirement suspendue mais nous allons essayer de vous envoyer des conserves de légumes et de poisson.
Merci du mot de Zezette et de Jean. Il m’est difficile de leur donner de bons coups de main pour les aider dans leur œuvre de repopulation. Si, à la rigueur un conseil suffisait ! mais je ne le crois pas. Ils doivent être trop fatigués et manquer de phosphore.
Enfin, espérons que cela ne tardera guère et que les enfants en question, jumeaux, bien entendu, viendront combler de joie leur foyer.
Je passe la plume à Petitjean qui va vous parler de ce que j’ai oublié de vous dire.
Très affectueusement à vous tous
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