Neustdat sur l’Aisch, le 15 novembre 1808
A mr le général Compans, comte de l’Empire, chef de l’état-major de l’armée du Rhin
Conformément à l’ordre que vous m’avez transmis, mon chef général, par votre lettre du 5 du courant. J’ai l’honneur de vous prévenir que le détachement de la 6e compagnie du 2e régiment d’artillerie à cheval employé à ma division est parti hier 14, de ses cantonnements pour se rendre à Mayence.
Je profite de cette occasion pour vous annoncer le malheureux événement dont plusieurs canonniers de cette compagnie ont été les victimes le 6 au soir, dans une auberge de Marck-Schoufeld (Bavarois) environnées par les cantonnements de l’artillerie de ma division, au point que le capitaine n’en est pas éloigné d’une demie lieue. J’ entrerai pas aujourd’hui dans des détails sur le fonds de l’assassinat commis par les habitants, sur 17 canonniers dont 9 ont été grièvement blessés à coup de fusil et un tué raide mort. J’ai écrit aux autorités supérieures bavaroises d’Auspach et j’ai envoyé sur les lieux le capitaine rapporteur du 1er conseil de guerre de ma division, pour informer de concert avec une commission de justice bavaroise. D’après les rapports que j’ai pu recueillir jusqu’à ce moment, il me semble démontré que nos canonniers n’ont eu aucun tord envers les habitants et que l’assassinat commis envers leurs personnes était prémédité. Je vous prie de suspendre tout jugement jusqu’à ce que je vous ai envoyé les pièces relatives à ce délit. Je n’aurais pas tant tardé à les soumettre à mr le duc d’Auerstadt.
Si par incertitude de la compétence des autorités, je n’avais envoyé le capitaine rapporteur déjà le 7 du courant à Bamberg, de là à Nuremberg et enfin à Auspach où réside le commissaire général bavarois ; mais malggé ce retard, les preuves juridiques ne seront pas perdues et je ne négligerai rien pour mettre mr le maréchal à portée de prononcer.
Recevez …
signé le général de division, comte d’Empire Espagne
Berlin le 22 novembre 1808
A son excellence monsieur Otto, ministre plénipotentiaire de sa Majesté Empereur et Roi à Munich
Monsieur le ministre plénipotentiaire
J’ai l’honneur d’adresser à votre excellence l’extrait d’un rapport fait par mr le général de division Espagne, commandant la 3e division de grosse cavalerie, relatif à l’assassinat commis dans une auberge de Marclos-Schoënfeld, en Bavière, sur des canonniers français.
J’ai ordonné qu’en vous faisant passer ma présente lettre, on vous adressât le résultat des informations qui auront été prises sur les lieux.
Si cet événement est tel qu’on doit me le faire supposer [dans] le 1er rapport, je ne doute pas que votre Excellence ne fasse toutes les démarches pour qu’il soit faite une justice prompt et éclatante d’un délit si contraire à la bonne harmonie et à l’amitié qui existent entre les souverains de France et de Bavière.
En temps de guerre, un événement de cette nature eut entraîné la perte de la population du lieu où le délit a été commis.
Il est vraisemblable qu’il faut attribuer à ces misérables agents qui parcourent les diverses parties de l’Allemagne pour y exaspérer les esprits. Je ne puis m’empêcher d’observer qu’on ne surveille pas assez les gazettes : celles de Bamberg et de Nuremberg donnent souvent de fausses nouvelles d’Espagne.
Il suffit de prévenir votre Excellence de toutes ces choses, sur lesquelles elle doit d’ailleurs avoir plus de détails que moi, pour qu’elle fasse toutes les démarches que l’intérêt de l’Empereur et de S. M. le roi de Bavière exige.
Je prie votre excellence de me donner des nouvelles sur ce qui peut se passer en Autriche. D’après tous les rapports, il paraît que les armements continuent et que depuis que nous évacuons la Silésie, ils ont des postes de troupes vers la Bavière.
Votre Excellence sent combien il est nécessaire que je sois tenu au courant.
j’ai l’honneur …
signé le maréchal duc d’Auerstadt
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