En complément de Paroles de Grognards, aux éditions Gaussen, voici une nouvelle lettre inédite. Lettre du fils Armand, caporal au 88e régiment d'infanterie de ligne, à son père à Belley, Brest, 11 février 1781 qui annonce qu’il veut se marier et quitter l’armée.
« Mon père
J’ai reçu votre lettre par laquelle vous me marquez que vous avez envoyé votre procuration et mon baptistère et vous chargez monsieur de Seyssel d’écrire au quartier maître pour savoir si mon établissement était bon. Ce monsieur m’a fait appeler, il m’a questionné sur cela. Je lui ai dit que c’était une fille d’une très bonne famille, qu’elle avait dix-huit cent livres et un ménage très bien monté. Ce monsieur m’a dit que cela n’était pas mauvais mais qu’il fallait vous écrire auparavant que de me les céder. Je puis vous dire en foi de fils, que si j’ai bien le malheur que vous me le refusiez, je fais un coup de ma tête qu’elle n’ait pas, cela est mon intention. Je crois qu’avec ce peu d’argent et le poste que j’occuperai est dans le cas de nous faire vivre, puisque ce monsieur demande à cette fille ce qu’elle a, cette fille demande ce que j’ai. Je sais que vous ne me refuserez pas ce que je vous demande puisque je vous ai marqué que je ne retournerai plus dans le pays et que je veux me retirer de la troupe, quand l’on me ferait officier. Je n’y resterai pas, je suis caporal depuis le 6 février.
Voilà quel est mon dessein, c’est de m’établir si je tombe mal, c’est pour moi. Je suis en âge de vous les demander. Je crois qu’avec tous ce qu’elle a, nous pourrons vivre et moi de mon côté prendre un poste très avantageux, elle est couturière de son métier.
Je fini en vous priant de me donner de vos nouvelles, postes par postes, car je puis vous jurer que deux ou trois jours après, le temps passé des postes, l’on vous annoncera mon malheur. Je reviens pour la troupe, jamais je ne veux plus y rester.
Mon très cher père, votre très humble et très obéissant serviteur, Armand
De Brest, le 11 février 1781 ».
Le père est Anthelme Armand. Il sera membre de la société des Amis de la Constitution de Belley du 30 avril 1791 au 28 avril 1792. Membre de la société populaire du Temple de Belley en 1793. Déclaré suspect par le comité de surveillance et révolutionnaire de Belley le 14 brumaire an II. Greffier du juge de paix en brumaire an II. Admis à la société populaire de Belley par le comité épurateur, le 13 fructidor an II. Proclamé capitaine de la compagnie des vétérans de la Garde Nationale de Belley, le 30 germinal an III. Nommé président lors de l’élection des officiers de la Garde Nationale des cantons de Belley, Lhuis et Saint-Benoît, le 30 brumaire an IV. Nommé scrutateur lors de l’élection des officiers de la compagnie des vétérans de la Garde Nationale de Belley, le 29 floréal an IV. Elu capitaine de la compagnie des vétérans de la Garde Nationale de Belley, le 29 floréal an IV. Nommé scrutateur lors de l’élection des officiers de la compagnie des vétérans de la Garde Nationale de Belley, le 11 messidor an V.
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