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juillet 1809 : rapport de la bataille de Wagram par le général Broussier

En complément à l'article consacré à l'Ain à Wagram, voici le rapport fait de cette bataille par le général de division Broussier, alors à l'armée d'Italie

 

Le 6, à la pointe du jour, elle passa le Danube et entra en ligne vers sept heures du matin. Elle prit son rang dans le corps commandé par le général Macdonald. Ce corps ayant reçu l’ordre de faire un changement de direction à gauche et de se porter en avant pour percer le centre de l’armée ennemie. Le 9e régiment avec un bataillon du 84e furent déployés en ordre de bataille ; les deux autres du 84e et deux du 92e furent formés en colonne par division à distance de peloton en arrière de cette ligne. La division Lamarque à la gauche. Ces mouvements se faisaient sous le feu de l’ennemi.

L’Empereur parut alors sur le front de la division. La présence de Sa Majesté excita l’enthousiasme de mes troupes qui depuis longtemps n’avaient pas eu le bonheur de la voir. Sa Majesté s’arrêta à la gauche de ma division dans l’endroit le plus exposé aux boulets de l’ennemi. Le danger que courrait Sa Majesté nous fit frémir tous. Je courus à elle et la supplia au nom de l’attachement que nous lui portions de ne pas rester là.

Le général Macdonald ayant donné le signal du combat, la division marcha en avant au pas de charge. Il était alors huit heures du matin. La ligne ennemie formait un demi cercle sur le centre duquel la division faisait une pointe à plus d’un mille en avant de l’armée. De là, un espace vide considérable entre la division et l’armée. La cavalerie ennemie voulut en profiter et fit mine de charger. La division se forma en carré simple. Quelques corps de fusil furent tirés sur cette cavalerie. Elle n’osa pas avancer. L’infanterie ennemie étant presque abordée, faisait feu sur la division. Plus de 60 bouches à feu la battaient à mitraille en front et flanc et en arrière, cela dura pendant six heures. La conduite de la division, au milieu de ce volcan, fut telle que l’Empereur fit mettre dans le bulletin de la bataille que la division Broussier s’était couverte de gloire.

La division sur ce même champ de bataille eut hors de combat 2 280 hommes dont 590 tués, 184 amputés et 1 506 blessés.

Le colonel Gallet, les chefs de bataillon Barsut et Erouard du 9e régiment furent tués ; les chefs de bataillons Musnier et Lacombe du 84e furent également blessés, le colonel Nagle, le major Gouy, les chefs de bataillon Gougeon, Tolosan et Ballyat du 92e furent blessés, le lieutenant  Husson mon aide-de-camp fur blessé, Enec capitaine adjoint à mon état-major eut la jambe amputée, tous mes officiers et ordonnances eurent leurs chevaux tués.

A quatre heures après-midi, une division Bavaroise étant arrivée à la gauche du corps d’armée, il se porta en avant, ma division formant la droite. Le transport des blessés aux ambulances avait enlevé beaucoup de monde dans les rangs, il ne me restait que trois à quatre cents hommes, j’en formai un bataillon au centre duquel je mis mes Aigles.

L’ennemi était en pleine retraite. Je ne perdis personne dans cette marche. Un maréchal des logis d’artillerie légère et trois ou quatre canonniers prirent en avançant à l’ennemi une pièce de 6.

Vers sept heures du soir, la division fut arrêtée en arrière du village Füssenbrun ; 200 autrichiens à peu près tenaient dans le cimetière de cet endroit qui était retranché. Quelques fusiliers de la garde et quelques voltigeurs de la division suffirent pour s’emparer du cimetière. Ils firent prisonniers ces deux cents hommes.

Vers huit heures ayant aperçu à quelque distance de moi, à la droite de ma division et à celle du village, des gens qui rétrogradaient au pas de course et qui avaient l’air d’être vivement poursuivis. Je fis former la division en carré simple et mettre au centre de ce carré mes  huit Aigles avec mon artillerie sur les angles. Après que cela fut fait, je dis à mes soldats, que quoiqu’il put arriver, quelques fussent les forces qui nous attaqueraient, aucun de nous ne ferait un pas en arrière, et que la fosse à chacun de nous était à la place de bataille qu’il occupait dans le rang.

Comme les trois cents spartiates aux Thermopiles, de même à trois cent braves de ma division résolurent de ne pas faire un pas en arrière et de mourir tous jusqu’au dernier, chacun à son tour, pour l’Empereur à l’entour de leurs Aigles.

J’envoyai reconnaître par le chef de bataillon Broussier, mon aide-de-camp, ce qui donnait lieu à ce mouvement extraordinaire, ce n’était rien. Il était causé par une trentaine de hussards ennemis qui donnaient la chasse à deux ou trois vivandières et à des valets de l’armée qui s’étaient portés avec les tirailleurs, pour piller, en avant de la première ligne.

La division bivouaqua en carré dans cette position.

Le 7, la division partit de cette position pour se porter sur Stammesdorf, elle prit position en avant de cet endroit, à la gauche de la route, le long d’un bois, sur une ligne. Je bivouaquai avec elle, beaucoup d’hommes avaient porté des blessés rentrèrent.

Le 8, même position, le prince vice-roi passa la revue de la division.

Le 9, même position.

Le 10, elle partit de cette position pour se porter à Stravdorf où elle s’établit militairement.

Le 11, même position.

Le 12, même position. Armistice.

 

 

Général de division comte Broussier.

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