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Wagram 1809 : l'Ain en bataille

Suite à la terrible bataille d’Essling, que décrit Patrick Rambaud, dans son roman La Bataille, qui ne voit ni vainqueur ni vaincu, la grande Armée se concentre, du 1er au 3 juillet 1809, dans l’île de Lobau. Après Essling, où le général Aubry, chef d’état major de l’artillerie de Masséna, se couvre de gloire en faisant construire les pont sur le Danube, l’île devient un véritable camp retranché de l’armée française. Afin de porter un nouveau coup aux Autrichiens : « dans un mois nous attaquons, dit l’Empereur. Nous aurons cent cinquante mille hommes, vingt mille chevaux, cinq cent canons. Berthier me l’a certifié. Qu’est-ce que c’est, là-bas, au fond de la plaine ? Les baraques du camp de l’archiduc. Si Loin ? L’Empereur, avec une brindille, dessina un plan sur le sable : Dans les premiers jours de juillet, nous passons en force. Mac Donald et l’armée d’Italie, Marmont et l’armée de Dalmatie, les bavarois de Lefebvre, les saxons de Bernadotte ; vos divisions, Masséna, se portent entre les villages. . .il redressa la tête pour observer la plaine. Masséna, et vous Sainte-Croix, je vous le dis, là ou l’Archiduc planté ses baraques, ce sera sa tombe ! Comment s’appelle ce plateau où il s’adosse ? Wagram, sire »1.

 

Alors que les Autrichiens s’attendent à le voir utiliser l’île de Lobau comme base de départ, Napoléon choisit de faire traverser son armée en aval, dans la nuit du 4 au 5 juillet. Le 4, à 21 heures, Napoléon fait commencer le passage vers Enzersdorf : « Le 22 mai 1809, l’Empereur fit jeter un pont sur le bras du Danube qui le séparait des Autrichiens. Soutenues par le feu des batteries de l’île, ses troupes passèrent ce pont et débouchèrent dans les plaines de la Moravie »2. Au matin il consolide ses positions et avance vers le village de Wagram. A la levée du jour, les premiers éléments français prennent Gross Entzersdorff. Pendant ce temps là, au nord, les troupes d’Oudinot sont sur Raasdor. A gauche, Masséna, tourne l’ennemi à Aspern et Essling. A droite, Davout marche sur Brakgraf-Neusiedel. L’armée française se trouve en bataille dans la plaine. A 8 heures, les troupes de Bernadotte attaquent au centre sur le village de Wagram tandis qu’Oudinot doit enlever Baumersdorf à l’est. Désireux de vaincre avant l’arrivée de troupes de renforts amenées par l’archiduc John, Napoléon attaque l’aile gauche autrichienne. L’archiduc Charles réagit en essayant de couper la Grande Armée de sa tête de pont, menaçant également le flanc gauche de son ennemi. La bataille reste indécise toute la journée. A la nuit tombante l’action se poursuit sur Wagram, mais alors qu’elles essayent d’enlever la position de Wagram, les troupes saxonnes de Bernadotte se replient en désordre et font perdre aux français leur avantage. L’intervention de la Garde Impériale, à laquelle appartient François Cécile Drujon de Beaulieu, de St Rambert, Vélite-Chasseurs de la Garde Impériale, stoppe la débandade saxonne. Jacques Paul Clément Vézu de Meximieux, colonel du 16e régiment de Tirailleurs de la Jeune Garde, combat vaillamment en commandant des charges à la baïonnette.

Le lendemain, les deux adversaires reprennent le même plan d’opération. Les Autrichiens sont les premiers en action et bousculent le corps saxon de Bernadotte. Masséna est sur la gauche française et Bernadotte au centre, vers Aderklaa. Mais l’indécision des subordonnés de Charles et le feu des batteries placées sur l’île de Lobau favorisent un redressement français. François Perret, né à Collonges, réquisitionnaire au 7e régiment de cuirassiers combat à Wagram. Davout occupe la droite française et résiste au choc des attaques de Rosenberg : l’attaque de Davout progresse difficilement face à l’aile gauche autrichienne. Pierre Joseph Morellet, né à Torcieux, sert au 19e Régiment d'Infanterie de Ligne. Il est blessé à Wagram, le 5 juillet 1809, d’un coup de feu à la jambe droite mais parvient néanmoins à faire plusieurs prisonniers. Napoléon enfonce le centre autrichien en faisant donner la grande batterie d’artillerie soutenue par l’armée d’Italie sous les ordres de Macdonald. Les pertes des artilleurs de la Garde sont effroyables : Pierre Béatrix, du Poisat dans l’AIn, et Nicolas Quinson, de Coutelier dans l’Ain, tout les deux canonniers à la 4e compagnie dans l’artillerie à pied de la Garde sont tués. Le premier décède de ses blessures et le second meurt d’un boulet . Davout, non seulement, résiste mais prend l’offensive : les troupes autrichiennes sont enfoncées mais se replient en bon ordre. Le général Puthod de Bagé le Châtel enlève Wagram à la baïonnette. La bataille est remportée in extremis par une Grande armée composée surtout de jeunes soldats étrangers et inexpérimentés. L'archiduc Charles réussit à s'échapper. Il ne demandera l'armistice que le 12 juillet. A l'issue de la bataille, la maréchal Berthier est fait prince de Wagram et les généraux Oudinot, Marmont et Macdonald deviennent maréchaux. Anthelme-Marie Merme de Châtillon-nn-Michaille, conscrit au 67e Régiment d'Infanterie de Ligne, est nommé sous-lieutenant sur le champ de bataille de Wagram. Les français perdent 18000 blessés et 7000 tués dont 5 généraux et 7 colonels. Pierre-Joseph Monin du canton de St Trivier de Courtes, fusilier à la 3e compagnie du 2e bataillon du 12e Régiment d'Infanterie de Ligne, est tué à Wagram. Les autrichiens quand à eux perdent 5631 tués et 18118 blessés.

 

Jérôme Croyet

président de la SEHRI

 

1 RAMBAUD (Patrick) : La Bataille. 1er prix de l’Académie Goncourt.

 

2 DRUJON De BEAULIEU : Mémoires, Edition d’un demi-solde, Paris, septembre 2009.

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