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1793 la légion nantaise : rempart de la République

Début 1793, l’Ouest est en rébellion spontanée contre la République. Les forces de la Convention ne peuvent compter comme points d’appui que les grandes villes. Les forces envoyées sont nettement insuffisantes en quantité et en qualité, d’autant plus que la révolte fédéraliste vient se rajouter à l’insurrection pro- royaliste. Elle tente même, un temps, la ville de Nantes.

Nantes et ses environs sont bientôt les derniers bastions de la République en Loire Atlantique (Loire Inférieure à l’époque). Si la ville tombe, la Vendée pourra se joindre à la Bretagne. Alors que partout règne la panique et que les Royalistes se renforcent, les Nantais se veulent un roc sur lequel viendront se briser les insurgés. La population est mobilisée ; la ville se retranche ; on guillotine les rebelles pris. Quelques troupes régulières et bataillons de volontaires viennent renforcer la garnison aux ordres du général Beysser, sous l’autorité globale du général Canclaux

En juin, la Grande Armée catholique et royale marche sur la ville. Après la prise de Mâchecoul par Charrette, celle de Saumur (le 9 juin), celle d’Angers (le 18 juin), les Nantais savent que leur tour est venu

La Garde nationale est toute mobilisée et à ses côtés se lève, à l’initiative du représentant Coustard de Macy, une autre unité de volontaires de 2000 hommes, parmi les fils de la bourgeoisie : la Légion Nantaise. Elle comporte deux bataillons de 9 compagnies et un peu de cavalerie et d’artillerie. S’y engage un sergent, dans la compagnie de grenadiers du 2eme bataillon : Pierre Cambronne.

La Légion Nantaise, bien qu'elle soit encadrée par des officiers issus essentiellement de la Garde Nationale, semble rapidement s' en distinguer. Dès sa formation, elle essaye de desserrer l’étau autour de la ville. Le 20 Juin, le Général Beysser quitte Nantes à la tête de 2.400 hommes désirant mener une attaque importante contre les vendéens de Lyrot.
Il scinde son armée en deux colonnes. La première devait se diriger directement vers le Loroux, la seconde avait pour mission d'attaquer de front le camp fortifié de la Louée, où se trouvaient réunis plus de deux mille insurgés. La première colonne ne rencontre aucune résistance. Les chemins étaient déserts et les « brigands » un instant aperçu s'étaient soudainement éclipsés. Ils se trouvent embusqués dans les fourrés et les oseraies qui bordent les marais aux environs d'Embreil. La colonne des Bleus à peine passée est prise à revers, attaquée sur tous les fronts à la fois. C'est la déroute ! Pour la 2e colonne, Beysser a fait appel au dernier moment aux miliciens de la Légion Nantaise. Elle tombe dans un piège, ses hommes sont cernés et doivent pour pouvoir se dégager livrer un dur combat au-delà de la Plée. Le commandant de la Légion Nantaise : Coeslier, reçoit une balle dans les reins. Le Général Canclaux écrit le 27 Juin au ministre de la guerre à Paris, pour dénoncer des manœuvres inconséquentes de Beysser :
"Le 20 Juin Beysser a fait à la Louée une attaque désastreuse pour nos troupes. Après avoir enlevé presque sans pertes plusieurs postes retranchés des rebelles, il s'est trouvé soudain cerné par eux. Il a pu se faire jour avec sa cavalerie et opérer ainsi sa retraite, laissant un certain nombre de prisonniers entre les mains des brigands et surtout beaucoup de morts.

Parmi eux se trouvaient trois chefs de la Légion Nantaise, ce qui va particulièrement affecter la ville de Nantes. Il a dû abandonner par ailleurs sur le terrain une pièce de campagne dont l'avant-train s'était rompu et qui est tombée aux mains de l'ennemi. J'ai dû protéger sa retraite et empêcher un vrai désastre. J'ai pu arriver à contenir les rebelles à environ une lieue de Nantes. Ils y sont restés toute la soirée et une partie de la nuit. Depuis ils continuent chaque jour de menacer la ville, qu'il nous est particulièrement difficile de défendre.

signé CANCLAUX".

Les 28 et 29 juin, les Vendéens attaquent Nantes, sur tous les fronts, qui se défend avec acharnement. Il faut la mort de leur chef charismatique : Cathelineau, pour que les rebelles se replient. En août 1793, la Légion nantaise est toujours considérée comme détachée de la garde nationale de Nantes par le représentant en mission à l'Armée des Côtes de Brest: Gillet. Aucune revue n'en avait été faite. Le commandant de la Légion est passé à Jean Gaspard Normand qui deviendra plus tard général et baron. Le 20 août 1793, la Légion Nantaise reprend Paimbeuf. Puis stationne avec le général Beysser au camp des Naudières pour couvrir Nantes en attendant l’arrivée de l’Armée de Mayence expédiée en renfort après la capitulation de la ville-frontière. Le 5 septembre, la Légion y repousse une attaque de Charrette. Le 8 septembre, arrivent Kleber et ses Mayençais. Beysser et la Légion sont envoyés au château d Aux. Sa cavalerie fait des patrouilles fréquentes. La Légion repousse une nouvelle fois les rebelles. Le 16 elle reprend Montaigu et ne fait aucun prisonnier, puis le 17 Clisson.

Mais le 21, Charrette reprend Montaigu

A la fin du mois, le général Beysser demande à Canclaux que la Légion Nantaise reste à Vue pour protéger les récoltes. Mais quelques jours plus tard, celle-ci ayant refusé d’obtempérer à des ordres est menacée d'être licenciée.

Elle stationne alors dans le 3e arrondissement de la Loire Inférieure et compte un chef de bataillon, un adjudant major et 245 officiers,sous-officiers et volontaires. Cambronne y est à présent lieutenant.

Le 17 octobre après leur défaite à Cholet, les Vendéens passent la Loire pour ce que l’on appelle « la virée de Galerne », esperant gagner Granville. Ils seront écrasés à la fin de l’année au Mans et à Savenay. Charrette, lui, est resté dans son fief de Vendée et a échappé à son encerclement par des manœuvres habiles.

 

 

Didier Davin

président du Bivouac

membre de la SEHRI

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