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fabriquer des uniformes

Lorsque le volontaire – sous la Révolution – ou le conscrit – sous le Consulat et l’Empire – arrive à son lieu de casernement, sa vie connaît des évolutions sans précédent. Il troque notamment ses vêtements civils contre un bonnet de police (fabriqué dans du drap de récupération), une veste de cantonnement et un pantalon de toile : « De là, on nous a habillés. Nous avons reçu un habit, une veste, une culotte, un bonnet de police, deux paires de guêtres, une paire de bas. Je vous dirai que nous n’avons point de chemises, ni de soulier s [1], écrit ainsi à ses parents le volontaire Pierre-Philibert Doret. Ce n’est que plus tard que le conscrit touche son habit et son chapeau/shako. En outre, il reçoit une première mise gratuite [2]. Néanmoins, s’il doit remplacer l’un de ses vêtements avant que ce dernier ait atteint sa durée de vie légale, l’opération s’effectue à ses frais.

Sous la Révolution, l’habillement des troupes se fait comme au hasard, sans réellement tenir compte des tailles des effets. Sous l’Empire, il revient désormais à un capitaine d’habillement[3] – qui commande également une compagnie du bataillon de dépôt – de superviser la confection des uniformes et leur délivrance aux nouvelles recrues.

 

LA FABRICATION DES UNIFORMES.

Les confections des uniformes de la troupe s’opèrent selon deux biais différents :

Au dépôt du régiment, par un corps de métier spécialisé attaché à l’état-major.

Par des tailleurs civils liés à l’armée par des contrats.

Sous l’Empire, les régiments sont chargés de la confection des uni­formes de la troupe[4]. Autrement dit, chaque conseil d’administration régimentaire traite avec des fabricants et conclue des marchés. Les nuances de drap sont déterminées par divers décrets et or­donnances, leur prix étant établi par l’administration générale de la Guerre. Les ins­pecteurs-généraux et les commissaires des guerres sont chargés de l’application de ces mesures. En mars 1810, conscient de la dissémination des bataillons (ou escadrons) d’un même régiment, l’Empereur décide de réunir les fournitures dans des magasins d’Etat répartis sur toute l’étendue de l’immense territoire soumis à son autorité. En raison de lenteurs et d’erreurs répétées, le remède se révèle néanmoins pire que le mal. De fait, en octobre 1811, les conseils d’administration sont de nouveau autorisés à passer des marchés ne pouvant toutefois excéder la réalisation de 200 uniformes. Le reste est livré par les magasins d’Etat. Cette solution permet aux régiments de refuser des pièces de tissus jugées non conformes.

à suivre ...

 

Jérôme Croyet

docteur en histoire

conférence donnée à Corps, lors des Journées Napoléoniennes de 2006

 



[1] Archives Communales de Pont de Veyle, pièce 16159.

[2] En 1794, lors de son entrée au 14e bataillon de chasseurs de Paris, le futur capitaine Gervais reçoit pour tout uniforme une paire de chaussures, des guêtres et une chemise.

[3] Il est élu chaque année par le conseil d’administration du régiment.

[4] Ils apparaissent dans la cavalerie suite à la loi du 24 ventôse an II.

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