· 

la nouvelle coiffure des cuirassiers

Avec le cuirassement des régiments, ces derniers changent aussi de coiffure : le chapeau bicorne laisse la place au casque, décrit dans le décret du 10 octobre 1801.

Ce casque ne fait pas l’unanimité, notamment au 7e cuirassiers. Il est décrit comme trop lourd et disgracieux. Certains officiers supérieurs le trouvent trop proche de celui des dragons alors que d’autres le trouvent trop clinquant pour un corps où l’allure doit exister sans luxe inutile.

Malgré ces réticences, le 8e régiment est le premier à le percevoir. Si en 1803, les chapeaux sont encore nombreux[1], la distribution du casque commence très largement[2] et en 1805, les régiments en sont entièrement dotés[3]. Du fait de l’adoption de la cuirasse modèle 1804 et du casque, une nouvelle dépense apparait dans la comptabilité des régiments de cuirassiers à partir de 1805 : les réparations des casques et des cuirasses. Cette dépense n’est pas anodine et entraîne même, en 1807 de la part des officiers d’état-major de la 3e division de cuirassiers, une réclamation auprès de Murat afin d’obtenir une indemnité d’entretien et d’achat.

De fait, l’arrivée du casque dans les régiments est plutôt bien vécue, notamment à l’expérience de la guerre : « Pour votre fils, cher maman, il en eu beaucoup de bonheur, un biscaïen m'a seulement enlevé la visière de mon casque » [4] écrit un cuirassier du 11e régiment à sa mère après Eylau. En 1807, un second type de casque apparaît. C'est celui qui sera largement utilisé à Wagram. Si l'allure est semblable au premier, il est le fruit d’un système de fabrication proto-industrielle introduisant des unicités, la règle étant de se tenir au plus proche du règlement.

Malgré une allure rustique, les casques sont des objets fragiles, instables sur la tête avec des jugulaires assez faibles, soumis aux intempéries qui, suivant les colonels, protègent moyennement la tête du cavalier mais qui, une fois perdu, peuvent signer son arrêt de mort, car malgré tout, c'est le casque qui encaisse le choc plutôt que le crâne du cavalier. Avec le temps, le casque devient, avec la cuirasse, un symbole puissant de l’identité des cuirassiers.

 

Jérôme Croyet

Extrait de Traditions n°16, spécial cuirassiers, septembre 2017

Président fondateur de la S.E.H.R.I.

 



[1]           226 chapeaux en service et 119 en magasin au 2e cuirassiers et 388 chapeaux au 3e.

[2]              En 1803, le 2e régiment de cuirassiers a déjà 300 casques neufs et le 3e, 400.

[3]           Au 1er cuirassiers : 609 casques en 1805 et 859 casques en service et 620 en magasin en 1809. Au 3e cuirassiers : 499 casques en 1805 et 553 en 1807.

[4]              Lettre d'un cuirassier bugiste du 11e régiment à sa mère in « Paroles de Grognards » éditions Gaussen, 2016.

Écrire commentaire

Commentaires: 0