· 

Benoît Bouvery dit Fleury : parcours d'une mauvaise tête

Bouvery Benoît dit Marc Fleury, né en 1759 à Lyon.

Il se marie à Avignon, en octobre 1786, à Thérèse Thyvollet. Après avoir eu deux enfants, il se sépare de sa femme et arrive à Saint-Sorlin, sous le nom de Marc Fleury à la fin de 1788, où il se domicilie dans un cabaret. Il devient comédien dans un théâtre itinérant.

Il séduit la veuve du notaire Fore et se met en ménage avec elle. Se faisant passer pour un médecin, il vit maritalement avec la veuve du notaire. Il a un enfant, illégitime, avec elle, Marc, le 4 novembre 1789. En avril 1790, il est dénoncé par son ancien beau-père comme un aventurier et le voleur de la recette de la vente de la récolte de Vaux. Arrêté le 13 mai 1791, il parvient à obtenir sa libération, le 20 septembre 1791. Désirant obtenir de l’argent, il détourne l’argent de la vente d’une vigne appartenant au père de son épouse, en 1791. Ce dernier ne voyant pas son argent lui revenir, se retourne contre les acheteurs et leur demande le payement. Entre temps, la veuve Fore revend vigne au profit de son amant. Le 8 septembre, sur requête des acheteurs, le tribunal du district de Bourg met les séquestres sur la vigne. Informé, le 7 décembre, Bouvery Fleury en demande en vain la levée. Afin d’en récupérer la vendange, Bouvery Fleury menace de la voler, ce qui conduit le gardien à l’effectuer sous surveillance puis à la faire transporter dans un local. Il est condamné à 472 livres pour des dégradations et détériorations dans des vignes, le 12 mai 1792. L’affaire crée deux partis dans la commune.

Le jour de la formation de la Garde Nationale, le 23 avril 1792, un nouvel accident éclate. Alors que le maire demande publiquement sa radiation de la liste des citoyens actifs de la ville, l’agent national de la commune s’y oppose, entraînant un mouvement de foule. Quelques jours plus tard, Bouvery Fleury s’introduit dans une assemblée municipale pour obtenir, au mépris de la loi, des certificats pour d’autres personnes que lui. Ce geste entraîne une plainte qui conduit à un jugement le 6 juin 1792 contre Bouvery Fleury. Ce dernier fait appel et dénonce Claret qui doit se justifier le 2 août. A cette accusation s’en joignent rapidement d’autres : faux, désertion et tentative de polygamie. Il est mis en état d’arrestation. Malgré tout, ses manœuvres portent leurs fruits puisqu’il est acquitté par le tribunal criminel de l’Ain, le 15 octobre 1792. Désirant épouser la veuve Fore, il divorce le 6 janvier 1793 d’avec Thérèse Thyvollet.

Après le siège de Lyon, à l’automne 1793, il devient employé dans les bureaux de la municipalité de Commune-Affranchie où il vend des passeports et mène une vie légère au point que le comité de surveillance de Bourg, le dénonce pour proxénétisme, le 24 brumaire an II. Pour se laver de ces nouvelles attaques, Bouvery Fleury réemploi sa technique : il dénonce au tribunal révolutionnaire de Lyon, 17 citoyens de Montbrison, "avec invitation de les faire expédier pour la sainte guillotine" [1]. Le 9 frimaire an II, cette dénonciation est transmise à la commission militaire de Lyon. Commissaire national, il fait don d'un assignat de 50 livres au bureau de la société populaire de Trévoux, le 23 nivôse an II.

Terroriste, il est rendu responsable de la mort de 17 personnes à Lyon. Il est mis en état d'arrestation par le comité de surveillance du district de Bourg le 17 vendémiaire an III. Il est aussi mis en état d'arrestation par le procureur syndic du district de St Rambert le 8 thermidor an III et conduit au tribunal criminel du Rhône. « Il ne manque pas d’esprit s’il savait en faire un bon usage »[2], au lieu d’être jugé, il arrive à se faire employer comme secrétaire du représentant à Lyon Poullain Grand Prey, de thermidor an III à frimaire an IV.

De retour à Lagnieu, alors que sa femme devient institutrice, il s’emploi à trouver un poste auprès du ministère de la Police comme agent pour découvrir des complots. Afin de trouver cet emploi, suite aux refus de l’administration, il se rend à Lyon de son propre chef pour découvrir des affaires qui lui ouvriraient les portes du ministère mais doit rapidement s’enfuir suite à l’assassinat du corse Istria.

Dès lors, sous le titre d’homme de loi et d’agent du gouvernement, il entreprend de dénoncer périodiquement des complots contre la sûreté de l’Etat. Régulièrement, il écrit un ministre de la Police et au général Kellermann et fustige le commissaire du pouvoir exécutif du canton Claret jusqu’à la fête du 6 prairial an V, où, pour tester le républicanisme de ses concitoyens, il propose de boire à la santé du Roi. Dès le 20, il est dénoncé par Claret au commissaire du pouvoir exécutif du département qui ouvre une enquête. Suite aux différentes déclarations et enquêtes, Bouvery Fleury est mis sous surveillance par le ministre de la Police, le 4 messidor an V.

Il quitte Lagnieu pour Bourg-en-Bresse, le 19 messidor an V, « vêtu d’une grande anglaise couleur vert de pomme, ses cheveux tressés derrière, jolie figure, mince, ayant des floches à ses jarretières et à ses souliers »[3]. De retour à Lagnieu, il est pris à parti par plusieurs personnes contre qui il porte plainte le 21 thermidor pour agression et tentative de meurtre. Mais, suite à une nouvelle plainte, le 25 thermidor, il est arrêté le 7 fructidor an V et accusé de faux et de terroriste le 18. Afin d’échapper à nouveau à la justice, il se déclare victime d’un complot ourdi par les anarchistes dont Claret est le chef. Mais, le 21 vendémiaire an Vi, il est condamné à la déportation. Afin de surseoir à cette sentence, il fait en vain appel et dénonce le royaliste Chavand comme le meurtrier du corse Istria, le 25 frimaire, ainsi que le passage d’un convoi d’arme pour l’armée émigré, le 8 pluviôse an VI. Face à ses accusations, sa déportation est mise en sursis. Il en profite pour s’enfuir de prison et se réfugier à Lyon où il se fait employer comme secrétaire.

Dès lors il ne reparaît plus à Lagnieu, et le 2 mars 1800, sa femme obtient le divorce pour mauvais traitements.

 

Jérôme Croyet

président de la S.E.H.R.I.

 



[1] Extrait des délibérations du département de l'Ain, 7 thermidor an III. Collection particulière.

[2] Lettre de l’agent municipal de Lagnieu au commissaire exécutif du département de l’Ain, 18 messidor an V. A.D. Ain 2L 183.

[3] A.D. Ain 2L 183.

Écrire commentaire

Commentaires: 1
  • #1

    Candé Philippe (vendredi, 12 juin 2020 19:30)

    Personnage intéressant, comme il en existe d'autres alors par exemple en Mayenne-et-Loire. Il n'est pas impossible que son beau-frère, commissaire des guerres, lui ai évité le rasoir national...