· 

notes et archives : le 1er régiment de cavalerie en 1796

Le 1er régiment de cavalerie joignit l'armée sous les murs de Mantoue le 17 septembre 1796. Il passa quelques jours devant la place, se porta sur l'Adige, et entra dans la division Vaubois. Un de ses détachements, conduit par l'adjudant-général Kellermann, s'empara quelques jours après de Bussolengo, battit un parti ennemi considérable, et lui fit 13 prisonniers. Posté la nuit sur Caldiero, il replia la grand'garde ennemie sur son camp. Les Autrichiens accourant avec des forces considérables, il se retira de position en position, et gagna Saint-Michel sans essuyer d'autre perte que celle de 4 prisonniers. L'ennemi essaya de le surprendre à la faveur de la nuit, et se jeta sur sa grand'garde; mais le capitaine Mongin, qui la commandait, contint l'attaque, et la repoussa jusqu'à Saint-Martin. Une partie de la division Massena survint, et l'ennemi fut replié sur Caldiero.

On était au 15 novembre. On ne savait où était ni ce que projetait l'ennemi. Le général de brigade Leclerc, qui commandait la cavalerie à l'avant-garde de Massena, chargea l'adjoint aux adjudants-généraux Lassalle de pousser une reconnaissance. Celui-ci partit de Saint-Michel à la nuit avec 50 maîtres, et entra à Vicence à neuf heures du matin. Il traversa la ville au trot, s'établit à la porte de Padoue, et envoya des détachements saisir les autres. Un piquet de hussards autrichiens qui se trouvait devant celle de Saint-Barthelemy ne laissa pas aux cavaliers français le temps de la fermer. Il se jeta sur eux et les chargea avec vigueur. Le lieutenant Nilot, occupé à secourir un des siens, fracassé par la chute de son cheval, les aperçoit qui passent dans la rue. Il accourt au près du capitaine, et lui signale la nombreuse troupe autrichienne qui arrive à lui. Carlier était en bataille sur la grande place. En avant! s'écrie cet homme intrépide; fussent-ils 10,000, il faut les joindre. La charge sonne, l'ennemi est étonné, confondu de la résolution que montre cette poignée de braves: il s'arrête. Un des siens cherche à faire feu; Carlier abat le pistolet d'un coup de sabre. Son détachement frappe à coup pressés, et pousse au loin la colonne ennemie.

Un nouvel escadron accourt presque aussitôt; le capitaine rallie son détachement et se met en retraite. Lassalle, occupé à d'autres soins pendant qu'on était aux prises, n'eut que le temps de sauter à cheval. Les Autrichines entouraient déjà la maison où il était descendu; il fut obligé de se faire jour à coups de sabre.

Le 10 janvier 1797 , le chef d'escadron Nadal fut chargé de faire une reconnaissance sur Caldiero. Il s'avança à la tête de 50 cavaliers et de 50 dragons; il culbuta les avant-postes autrichiens, pénétra dans le village à travers une fusillade meurtrière, et porta la terreur au milieu de la colonne ennemie. Assailli à son tour le surlendemain dans Saint-Michel, il ne put s'y maintenir. Mais il fit sa retraite avec fermeté, en bon ordre, sans se laisser entamer. Un bataillon de la 18e légère le soutenait; l'ennemi ne put parvenir à le rompre. La division Massena avait pris les armes. On fit volte-face: de toutes parts on fondit sur les colonnes assaillantes; les grenadiers de la 75e se jettent sur une de leurs pièces; quelques cavaliers du 1er régiment accoururent leur prêter main forte, et la pièce fut enlevée. Le brave capitaine Carlier était atteint: une balle l'avait frappé à la poitrine; le sous-lieutenant Platon prit le commandement de la grand'garde. Il se jeta avec 5 hommes à travers le feu, les fossés, et porta le ravage au milieu des postes autrichiens.

Les ennemis s'étaient établis en avant de Caldiero; l'adjudant-général Kellermann fut chargé de les attaquer. Il se mit à la tête du 1er de cavalerie et du 5e dragons, s'avança à travers un feu de mousqueterie violent et battit les hussards autrichiens. Mais la fusillade devenant à chaque instant plus vive, il fut obligé de se retirer. A la nuit, le 1er de cavalerie se mit en marche pour Rivoli, où il arriva à la pointe du jour, Il se rangea en bataille, et envoya une reconnaissance du côté des Pitons. L'infanterie manquait de cartouches; un autre détachement lui en porta, et rafraîchit les munitions sur une partie de la ligne. Un autre encore conduisit une pièce d'artillerie sur la gauche, et essuya un feu assez vif en faisant retirer les tirailleurs pour faciliter le jeu de cette pièce. Pendant que le régiment se fractionnait ainsi pour faire face aux exigences du service, l'ennemi s'emparait de deux pièces de position qui étaient en batterie sur le plateau, et portait son infanterie en avant. Le général Leclerc rallia le 1er régiment de cavalerie, le poussa au galop jusqu'à la gorge de l'Adige , et reprit les pièces. La général en chef ayant sur ces entrefaites demandé un détachement, le lieutenant Duteil se mit en marche sous les ordres de l'aide-de-camp Junot, et se porta sur un défilé occupé par la colonne de Laudon. Cette colonne abandonna alors les crêtes de la montagne, et descendit surie défilé en faisant un feu si vif que le détachement fut obligé de gagner les vignes. Cette position devenant aussi pénible que la première, le détachement marcha à l'ennemi et s'ouvrit passage, fouilla les flancs de la montagne, et contribua à précipiter la fuite des Autrichiens.

Le régiment les suivit, et arriva le 15 mars à Paziano. On annonçait qu'une colonne nombreuse d'infanterie et de cavalerie impériale se trouvait à quelque distance. Le 1er de cavalerie se mit en devoir de la joindre; mais, arrivé à Saint-Vito, il ne trouva que les débris et les feux qu'elle avait laissés. Le canon retentissait du côté de Valvassone; il s'y porta, et arriva au moment où la cavalerie commençait à passer le Tagliamento. Il suivit le mouvement et gagna la rive opposée. Il alla se former sur la droite, franchit une suite de défilés, et arriva enfin à la position qu'il avait ordre de prendre. Les hulans ne tardèrent pas à paraître. Le régiment les joignit à travers une nuée de tirailleurs dont ils avaient couvert les avenues. L'action se prolongeait et devenait opiniâtre; il fit un mouvement en arrière pour se rallier, chargea de nouveau, et poussa l'ennemi au loin. Victorieux à sa gauche, il court à sa droite, et l'enfonce encore. L'adjudant-général Kellermann survint alors; il se jeta à la tète d'un escadron, donna un nouvel élan à la charge, mais fut assez grièvement blessé. Le régiment repassa le Tagliamento à la suite de cette affaire et alla bivouaquer à Valvassone. Il joignit le lendemain la division Serrurier, chassa l'ennemi de Saint-Romans, repassa presque aussitôt l'Isonzo , et se mit en bataille dans la prairie, la droite à la rivière, la gauche à la chaussée. C'est dans cet ordre qu'il approcha de Gradisca. Le canon tonnait avec force; les boulets abattaient hommes et chevaux. Le 1er se replia de quelques toises, et attendit sans perte la fin de la bataille. Il se rendit ensuite à Gorice, à Trieste, à Trévise, à Clagenfurth, à Leybach, mais il n'eut plus occasion de faire preuve de courage devant l'ennemi.

 

 

Écrire commentaire

Commentaires: 0