1814 l'expo : l'invasion du Haut Bugey

Le 3 janvier 1814, Bubna envoie deux reconnaissances, une qui s'empare sans problèmes de Saint-Claude et qui la seconde qui met le siège devant Fort l'Ecluse où l'officier commandant, Lecamus de Coëtenfoë, aux sommations des Autrichiens, leur fait savoir qu'il ne peut pas livrer le fort à une troupe sans canons. Les Autrichiens font alors avancer deux pièces, tirent quelques boulets et Lecamus, après un simulacre de défense, s'empresse de remettre la forteresse[1]. Pouvant désormais s'appuyer sur Fort l'Ecluse, les Autrichiens peuvent alors lancer des reconnaissances jusqu'à Seyssel et Nantua où « vingt trois hussards impériaux hongrois entrent dans la ville de Nantua et font une petite réquisition de drap. A trois heures après midi, la gendarmerie française les repousse. La frayeur a été grande. Un gendarme, dans l’action a reçu un coup de sabre sur la figure. Un cheval a été pris par les hussards dont l’un a eu le poignet coupé » [2]. Ce jour-là, les hommes des 24e et 145e de ligne ainsi que ceux du 32e léger sous les ordres de Pilloud occupent Bourg et Nantua. Si à Gex, les choses s'étaient assez bien passées pour eux, à Nantua, les choses en sont différemment. En effet, au col de la Faucille puis à Nantua, les gendarmes catholards résistent aux Autrichiens mais plient devant le nombre ayant des blessés[3].

Le 4 janvier, « le bruit se répand [à Bourg et en Bresse] que les Autrichiens ont paru à Dortan, et continuent à s’avancer…Le bruit de la prise de Nantua s’était répandu, et on a appris en même temps ce matin qu’une trentaine d’Autrichiens s’y sont présentés, ont posé des sentinelles aux deux extrémités de la ville et commencé à se faire livrer du pain, de la viande et du vin. Le tout dans le plus grand ordre. Leur sentinelle postée du côté de la Cluse ayant tiré un coup de fusil pour annoncer l’arrivée de nos troupes, ces Autrichiens se sont repliés. 4 de nos gendarmes ont voulu les poursuivre, se sont trop avancés. 2 ont été blessés et un a perdu son cheval»[4]. Le 5 janvier le bruit du retour des alliés à Nantua se répand à Bourg et en Bresse, ainsi que les rumeurs des premières exactions.

Bubna est informé des combats de l’Ain et de Savoie les 4 et 5 janvier. Il apprend la présence à Bourg de Musnier avec 1500 hommes. Le lendemain il reçoit l’ordre de marcher sur Lyon. Pour se faire, il envoi des reconnaissances sur l’Ain en direction de Bourg.

Le 6 janvier, les combats d’arrière garde et les escarmouches embrasent le Haut-Bugey et le pays de Gex. Des troupes françaises arrivent en masse pour repousser les Autrichiens : « La parti de 30 à 40 ennemis qui avait paru à Nantua a été attaqué près de Châtillon-de-Michaille par nos gendarmes qui les ont sabré et dispersés. Malheureusement un parti de notre infanterie qui s’était embusqué pour attendre l’ennemi, a accueilli par une vive fusillade, nos gendarmes qui revenaient avec 3 prisonniers et des chevaux ; et il y en a un de dangereusement blessé. Les montagnards du Bugey ont mis beaucoup de zèle pour guider nos soldats dans un pays qui est très difficile à connaître. Il y a 300 hommes de troupe de ligne à Saint-Rambert. Le Fort de l’Ecluse s’est rendu »[5]. Pour les gens de l’Ain la chute de Fort l’Ecluse n’est pas sans causes : « Le Fort l’Ecluse dont les fortifications avaient été négligées , s’est rendu à l’approche de 300 hommes et de l’artillerie venue de Genève »[6].

Le 7, les troupes françaises se replient sur Lyon accompagnées des édiles civiles, laissant seule la population. La gendarmerie du Léman se replie sur Aix où elle se regroupe avec les troupes de ligne. Là elle occupe Rumilly et Alby, « d’où il se faisait journellement des reconnaissances en avant d’Annecy et de Frangy »[7]. Le 7 janvier, Clarke demande à Augerau, certes de donner à l’esprit public l’impulsion nationale, mais aussi pour défendre l’Ain et l’Isère notamment par fort l’Ecluse. Clarke propose de défendre ou de couper le pont de Seyssel, de tenir le défilé entre le coude du Rhône et la chaîne du Jura tout en soutenant fort l’Ecluse avec des renforts notamment par des postes de gardes nationaux le long du Rhône tout en faisant occuper Seyssel et Cerdon. Pour Clarke, empêcher le passage par le Bugey est un enjeu stratégique majeur, car la cavalerie ennemie ne pourra pas de développer.

Dès le 8, l’annonce du désir des bugistes de s’armer, pour défendre les montagnes, se répand en Bresse. Toutefois les revers français dans le Bugey et l’avancée des Autrichiens consternent les habitants : « moi, qui ai été consterné et presque pétrifié d’effroi en apprenant la prise de Genève et l’occupation de Nantua » [8].

Du côté de la Savoie, les Autrichiens établissent des postes « de 200 à 300 hommes…sur les routes de Frangy, Rumilly et Annecy »[9]. Ces manœuvres découvrent Genève d’une partie des troupes autrichiennes qui ne se trouvent alors qu’à environ plus que 1500 hommes.

Le 10 janvier, Bubna reçoit l’ordre de revenir sur ses pas mais il décide de cantonner à Bourg, pour assurer ses arrières, tout en poussant des reconnaissances sur Pont d’Ain, en occupant Chalamont, Villard et Nantua. Le 11 janvier, Augerau est invité à reprendre Genève.

Le 13 janvier à minuit, le régiment de Colloredo entre dans Nantua qu’elles évacuent le 22, la ville étant reprise par les Français à la plus grande joie des habitants.

Les dragons autrichiens battus à Châtillon-de-Michaille, le 5, viennent occuper le pont de Seyssel, sur le Rhône, le 17 janvier. De Seyssel, occupée le 15, des reconnaissances poussent jusqu’à Belley en passant par Culoz.

 

Asso SEHRI

2014 : expo du bicentenaire de 1814 dans l'Ain - château des Allymes - médiathèque de Nantua

 



[1]     La nouvelle de la chute du fort ne se répand pas rapidement et au 4 janvier, les burgiens pensent toujours que Fort l’Ecluse tient.

[2]     « Notes sur les cents jours après la 1ère invasion qui perdirent la France » par Collet de Nantua. A.D. Ain fonds Saint-Pierre.

[3]     Alexis Drut, né le 6 mai 1793 à Collonges, Rhône. Il entre comme gendarme dans la 12e légion de gendarmerie à cheval de Montbrison le 28 janvier 1814 et combat au col de la Faucille puis à Nantua, où il a le poignet gauche fracturé. Rappelé en 1815, il sert dans le 3e bataillon de la Garde Nationale du Rhône.

[4]     CROYET Jérôme : « Journal d’un bourgeois burgien » in Mémoires d’Invasion 1814 – 1815 édité et publié par la SEHRI, juin 2010.

[5]     CROYET Jérôme : « Journal d’un bourgeois burgien » in Mémoires d’Invasion 1814 – 1815 édité et publié par la SEHRI, juin 2010. De fait, les combats de Châtillon-de-Michaille ont lieu le 5 janvier et opposent des soldats du 23e régiment d'infanterie de ligne et des gendarmes français à des dragons autrichiens.

[6]     CROYET Jérôme : « Journal d’un bourgeois burgien » in Mémoires d’Invasion 1814 – 1815 édité et publié par la SEHRI, juin 2010.

[7]     Lettre du Premier Inspecteur Général de la Gendarmerie Impériale au ministre de la Guerre, Paris, 13 janvier 1814. S.H.D. Xp 44.

[8]     CROYET Jérôme : « Journal d’un bourgeois burgien » in Mémoires d’Invasion 1814 – 1815 édité et publié par la SEHRI, juin 2010.

[9]     Lettre du Premier Inspecteur Général de la Gendarmerie Impériale au ministre de la Guerre, Paris, 13 janvier 1814. S.H.D. Xp 44.

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