1814 l'expo : l'occupation autrichienne

La première occupation

Les troupes des puissances alliées qui stationnent à Bourg du 11 janvier 1814 au 12 février suivant. Ils réquisitionnent tous les ouvriers cordonniers pour leur faire des chaussures du 31 janvier au 5 février.

Si ces réquisitions, faîtes par la nouvelle administration, trouvent une obéissance forcée de la part des maires, il arrive que des signes d'insoumissions et de résistance se fassent sentir de la part des habitants de l'Ain, comme à Belley, où un officier autrichien, escorté, venu faire des réquisitions, un jour de foire, est accueilli par des jets de pierre. Obligé de fuir, il fait tirer sur la foule.

La présence des Autrichiens dans la partie occidentale de la Savoie et le nord Isère, comme dans l'Ain, est une série de vexations et d'exactions commises sur les civils. Beyle, à la demande de St Vallier, rédige un rapport présentant ces exactions : malatraitances à Thoiry, le 21 février, coups de sabre sur la tête, le 1er mars et incendie de St Julien. Le 16 mars, Sathonay est occupée et des maisons pillées.

Les "Autres chiens" sont maîtres du terrain et les royalistes reprennent les postes. Le préfet de l'Isère, Fourier, doit dans l'embarras, faire un acte d'adhésion au nouveau régime et le 14 avril, demander aux maires de l'Isère de pousser leurs concitoyens à faire de même : "je suis persuadé que les habitants de ce département feront éclater une joie unanime en apprenant que le bonheur de leur patrie est consolidé par le retour à jamais mémorable d'une autorité tutélaire et paternelle…il est inutile, messieurs, de vous recommander d'exciter le zèle des habitants de vos communes ; je vous invite seulement à en autoriser l'expression".

Cette reprise en main du pouvoir par les royalistes est très mal vécue en Isère, comme dans l'Ain. A Grenoble, les manifestations anti-royalistes se multiplient. On manifeste dans les cafés, au jardin de ville. Le 5e Régiment d'Infanterie de Ligne, se distingue particulièrement. Le 5 juillet 1814, le préfet avoue cet état de fait : "depuis quelques temps, il se manifeste parmi les troupes en garnison à Grenoble, un esprit d'opposition au gouvernement qui fait chaque jour de nouveaux progrès".

 

Le poids des réquisitions

A Seyssel, les réquisitions pleuvent : « 40 quintaux de foins – 20 doubles décalitres de froment autant d’avoine, pour le 23 janvier, puis 150 quintaux de bon foin, 150 mesures d’avoine, 8 doubles décalitres de seigle plus 8 d’orge, et 5 quintaux de viande pour le 25 janvier »1.

Avec la reprise de Nantua le 2 mars par les troupes commandées par Schell, le poids des réquisitions commence à se faire cruellement sentir : « La ville de Nantua a été successivement fatiguée par tous ces hommes qui dévoraient le pays par leurs réquisitions. Saint-Martin, Montréal ont beaucoup souffert. Dans ce dernier lieu, ils ont osé demander des harengs. On en a trouvé 150 et ils ont été à peu près contents »2.

Arrivés dans le Bugey, les Autrichiens vivent militairement. A Ambronay, du 8 au 17 mai, ils réquisitionnent aussi bien des rations de bouches que des rations de foin voir même des animaux sur pied, les leurs étant infectés. Lors de leur premier passage en février, les réquisitions sont faites sous la menace « d’exécution militaire » dans les 24 heures.

Au 10 août 1814, les habitants de Culoz ont été réquisitionnés à hauteur de 2638 francs par les Alliés. Jusqu’au 1er mai les réquisitions en nature à Culoz s’élèvent au profit des Alliés à 1911 francs et comptent majoritairement 1466 livres de pain blanc, 701 livres de la viande de bœuf, des légumes, du riz, 1 057 litres de vin rouge, de l’avoine, 2200 livres de foin ou des chandelles sans compter les voitures réquisitionnées du 25 mars au 10 avril. Ces réquisitions militaires Alliés se font au détriment des habitants de Culoz qui « produit beaucoup de vin mais peu de blé et ses habitants n’en recueillent pas pour se nourrir »3. Ces réquisitions sont d’autant plus lourde que « la récolte dernière avoit été couverte de sable de sorte que ses bestiaux de labourage et autres sont dans un état de maigreur affreux …personne n’ignore combien ce canton [de Seyssel] a souffert par suite des troupes soit des puissances alliées, doit français »4.

 

Asso SEHRI

 

2014 : expo du bicentenaire de 1814 dans l'Ain - château des Allymes - médiathèque de Nantua 

 

1 COMTET (Michel) : « Une citée face à la guerre et à la misère ». Chroniques culoziennes n°15. 2001.

2 Notes de Collet de Nantua. Ces mémoires ont été déposées aux Archives Départementales de l’Ain début 2008 par Dominique Saint Pierre.

3 Etat des réquisitions, Culoz, 15 avril 1814.

4 Etat des réquisitions, Culoz, 15 avril 1814.   

 

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