1948 : accrochage à Mai-Xa

Accrochage à Mai-Xa (région de Nam Dinh)

Vu par le chef du service de presse information des TFEO

8 juillet 1948

 

La patrouille blindée roule vite par ce beau matin calme, entraînant les deux sections de renfort de la Légion. Derrière les véhicules, un long nuage de poussière s’étire sur la digue.

On ne sait à peu près rien. Le poste de Mai-Xa, fortement attaqué, a demandé, il y a une demi-heure, l’appui des blindés et un renfort d’infanterie. Le chef de poste serait grièvement blessé.

Tout le monde connaît le lieutenant, chef de poste ; type sympathique et beau baroudeur. Et Tout en roulant, on imagine le pire sans vouloir y croire.

Le poste apparaît au loin ; seul, sur la digue, entouré de rizières. Les rafales se croisent, rageuses, mêlées d’éclatements de grenades et de mortiers, le tout légèrement amorti par la distance. Les sections descendent des camions, commencent un large débordement.

Brusquement, à un tournant de la petite digue, bordée de bambous, on se trouve ne plaine actions. Le poste est là, auréolé de fumée bleuâtre. Tout autour, de petites silhouettes glissent rapidement derrière les diguettes. Comme stoppées par une main invisible, les détonations cessent l’espace d’un instant, devant l’arrivée du renfort puis reprennent plus rageuses encore.

Les rebelles prennent les chars pour cibles. Les tourelles tournent lentement, cherchant leur proie.

Silence lourd avant l’orage … et, tout à coup, c’est le déchaînement de la mitraille. Tous les canons crachent à la fois. Là-bas, derrière les murettes ; des cris et des plaintes. Les chars avancent, et c’est aussitôt la fuite éperdue des Viet Minh.

Les salopards se sont retranchés derrière une petite levée de terre. Entre eux et nous, la route est sillonnée de tranchée sur 200 mètres.

Lentement, le premier char descend la digue vers le bas-fond qui semble solide. On ne voit rien que le haut de la tourelle … et puis plus rien.

En avant !

L’Accrochage se poursuit, rageur, impitoyable.

Un bruit de moteur à plein régime et là-bas, au bout des coupures, le char apparait, remontant sur la digue, les autres le suivent.

C’est alors le rush sur les salopards plaqués à cent mètres de la route. Les 37 aboient sec ; les explosions se succèdent rapidement ; des hurlements de douleur des Viet Minh ; des cris de triomphe des nôtres. Ca va !

Le deuxième char s’approche à son tour. Les rafales se ralentissent ; une brèche dans la diguette ; un corps qui bascule dans la rizière puis plus rien.

Les coups de feu diminuent en face. La Légion fonce, tirant, criant, c’est la curée !

Et tout d’un coup, le silence tombe sur toutes choses, on se regarde un peu étonné, s’habituant mal à ce silence et puis vite on compte les pertes : quelques blessés peu graves. Derrière les diguettes, et derrière chaque monticule, on trouve des gaines [1], des armes variées, des grenades.

Gros succès mais assombri, hélas, quand on revient au poste. Là, sur un brancard, est allongé le corps du jeune lieutenant, chef de poste.

Il est mort avec le sourire, en soldat de la Liberté et de la Civilisation.

Quant au Viet-Minh, qui avait annoncé que nous n’avions plus de chars, nous n’avons jamais su comment il a pu expliquer ce coup-là à ses troupes. Il y a du y avoir un sacré grabuge, le soir, sous les paillottes !

N.D.

 



[1] Des étuis, des douilles.

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