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le 7e régiment de cuirassiers de 1802 à 1811

Le cas du 7e cuirassiers

extrait de Traditions n°16 d'octobre 2017

 

 

Entre 1800 et 1802, le régiment porte toujours l’uniforme de cavalerie avec l'habit modèle 1791 avec parements, revers et collet jonquilles, liseré jonquille, avec les poches en travers.

Le 27 février 1802, le régiment, dévoué au Gouvernement, est à Stenay1. Il est inspecté par le général Ney. Le régiment compte 21 officiers présents et 349 cuirassiers. La tenue des hommes est très satisfaisante avec un habillement presque neuf, incluant donc des habits modèle 1791. Ney remarque toutefois que la coiffure, le chapeau encore porté au régiment, ne convient pas à un régiment de cuirassiers. Il indique que « le casque remplirait mieux ce but »2. L’équipement des hommes et des chevaux est jugé en bon état et très bien tenu. Les sabres et les pistolets sont en bon état, mais le régiment n’a pas de mousquetons contrairement à la recommandation de Ney qui veut leur en faire donner. Le colonel Offenstein, « pas très instruit sur l’écriture »3 est quand même bon à son poste : il sait maintenir la discipline et l’ordre ; il connait les manœuvres. Ces dernières sont toujours effectuées suivant l’ordonnance de 1788 sous les ordres d’officiers qui connaissent bien la théorie. Les cuirassiers dirigent leurs chevaux avec précision notamment les mouvements par quatre et la marche en colonne. Pour Ney, sous peu, le régiment aura acquis ce qui lui manque pour les grandes évolutions.

 

C'est en 1803 que l'adoption du nouvel habit se fait. Dès le mois d'avril, les officiers s'inquiètent auprès du ministère de la guerre des dépenses (600 francs par officier) « pour se procurer le nouvel uniforme que nécessite ce changement d'organisation »4.

Le 8 juillet, le régiment est à Givet. Sa tenue est parfaite même si l’habillement, encore ancien, sans doute un reliquat d’habit modèle 1791. Cet habillement est réputé bon, d’autant plus que les nouveaux habits (type 1803) sont en cours de confection, les anciens devant alors servir jusqu’au renouveau. L’équipement des hommes et des chevaux sont très bons. Il est néanmoins ordonné que les marquages régimentaires soient renouvelés sur les anciens chevaux, qui l’ont perdu, et aux nouveaux. Une partie de l’armement n’est pas bon, mais, avec les armes neuves devant arriver, il est à espérer qu’il soit alors en bon état.

En 1804, le régiment reçoit quatre aigles et étendards modèle Challiot. Le 1er octobre, le régiment est à garnison à Verdun. Il compte 33 officiers, 607 hommes5 et 560 chevaux. La tenue est déclarée bonne et militaire. Les habits du régiment son neufs ; l’habit modèle 1803 est entré en service. Les surtouts en usages conjointement, sont par contre en très mauvais état. Le magasin est vide de draps, ceux de l’an XII ayant été refusés comme étant de mauvaise qualité. La confection des culottes faites durant l’année n’est pas conforme aux ordres donnés. Dès lors, il est interdit aux cuirassiers de monter sans culottes, afin d’éviter les hernies. Il est dès lors prescrit « de faire en sorte que chaque homme ait un pantalon d’écurie »6.

L’équipement des hommes est passable, celui de leur monture médiocre et non conforme aux ordres donnés précédemment concernant les embouchures ; les selles sont mal confectionnées et donc mauvaises. L’armement est lui aussi médiocre : les sabres sont de différents modèles ; les pistolets vieux et exigeant des réparations continuelles. Il est toutefois prescrit de réparer les armes qui peuvent en avoir besoin, un renouvellement ne semblant pas d’actualité.

La remonte est généralement bonne, toutefois, les chevaux sont un peu bas pour des cuirassiers et il est exprimer le souhait d’avoir des chevaux un peu plus haut.

 

En 1805, le régiment sert à l’armée d’Italie, dans la division Pully. Le 22 février, les 512 hommes et 549 chevaux du régiment passent dans l’Ain et bivouaquent sur trois communes, Pont d’Ain, Cerdon et Poncin. Arrivé en Italie, le 5 mai, le régiment est au couronnement de Napoléon à Milan puis il prend part à la campagne de Masséna sur l'Adige et combat à Tagliamento.

En 1806, il est à la réserve de cavalerie Murat, dans la brigade Fouler. En septembre de cette année-là, des réformes ont été accordées à des cavaliers et des sous-officiers du régiment, les hommes hors d’état de servir étant jusque là trop nombreux. Le régiment fait parti de la brigade Fouler, division Espagne, à Heilsberg, le 14 juin 1807 où il perd un officier tué et deux blessés. Durant cette campagne, les officiers servant à l’état-major de la 3e division de cuirassiers, ainsi que ses généraux, demandent au général Bélliard, le 9 mai, si ils doivent porter la cuirasse ce qui entraînerait une dépense importante pour l’achat mais aussi pour son entretien, surtout si ils ne sont pas appelés à rester attachés à la division. Ils demandent alors à intervenir auprès de Murat afin d’obtenir une indemnité pour les dédommager des frais de cet armement. Si ils éprouvent des réticences à porter la cuirasse, ils en éprouvent moins à porter le casque, très en vogue depuis la Révolution. Plus que des considérations de protection, c’est argumentant sur l’esthétique qu’ils demandent s’il faut porter le casque avec la cuirasse, « le chapeau ne saurait bien convenir avec cette armure »7. Le 9 juin 1807, Napoléon tranche et prescrit à ces officiers le port de la cuirasse.

En mai 1807, le régiment, comme la 3e division, reçoit des habits neufs, sans doute des habits à revers et basques courtes introduits en 1806. Fin 1807, trois escadrons du régiment sont à la Grande Armée et 100 hommes dans un régiment provisoire au Portugal. L'habillement en service pour les 753 hommes du dépôt, qui est à Lodi, est bon et bien confectionné. Seuls les sabres venant du magasin de Mantoue sont constatés trop lourd.

En 1808, un escadron du régiment sert en Espagne et combat à Saragosse. Il perd un officier dans une escarmouche vers Barcelone. En 1809, le régiment est à la réserve de cavalerie de Murat, dans la division d’Espagne. Il donne à Essling et Wagram.

Durant cette période, le régiment semble s'éloigner des directives d'uniforme qui prescrit d'adopter le surtout. Le 7e garde l'habit à revers et basques courtes, ce qui lui vaut un rappel du général Préval dans un rapport du 7 octobre 1810 : « le ministre de la guerre m'enjoint de rappeler l'obligation où sont les corps de s'en tenir scrupuleusement à l'uniforme, de s'interdire toute dépense dont l'objet serait ou contraire au règlement ou purement de luxe ou de fantaisie ». Ainsi « on doit comprendre ... les doubles cravates qui sont dispendieuses et de mauvaise tenue ; il faudra donc, quand on fera des habits neufs, revenir aux cols prescrits par l'ordonnance »8.

Par arrêté de Napoléon du 11 décembre 1811, le régiment fait parti de la 3e division de cuirassiers. C'est sans doute avec des habits neufs que le régiment se prépare à entrer en campagne.

 

 Jérôme Croyet

docteur en histoire, président de la S.E.H.R.I.

 

1 Stenay est un casernement propre bien que les bâtiments soient en mauvais état. Malgré des escaliers qui menacent de seffondrer, les chambrées sont réglementairement tenues et les écuries en bon état si le pavage était réparé.

2Inspection du 7e cuirassiers. Centre de documentation du Musée de l’Empéri.

3Inspection du 7e cuirassiers. Centre de documentation du Musée de l’Empéri.

4Rapport au ministre de la guerre, floréal an XI. S.H.D. Xc 106.

5 Il manque 18 hommes au complet.

6 Inspection du 7e cuirassiers, 9 vendémiaire an XIII. Centre de documentation du Musée de l’Empéri.

7 Livre d’ordres de la 3e division de grosse cavalerie, 1807. Coll. Part.

 

8Rapport du général Préval cité par VEZINA (Roméo) : Les cuirassiers et les carabiniers. Montréal, 2007.   

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