1810 : lettre du 4e de ligne

Cette lettre s'inscrit en complément de l'ouvrage Paroles de Grognards 

Voici une lettre écrite par un fusilier du 4e de ligne avant son départ pour l'Espagne afin de rassurer sa famille car il n'a pas peur. 

A Mont de Marsan le 19 juillet 1810

Ma chère mère et frère, je vous écris la présente c’est pour vous faire savoir l’état de ma santé que je me porte très bien pour le présent et je désire du plus profond de mon cœur que la présente vous en trouve de même, qu’elle me quitte ainsi que toute la famille mais ma chère mère je vous dirais que j’ai un peu tardé à vous écrire mais on nous parlait que nous devions partir pour l’Espagne mais à présent que je suis prêt à y entrer je vous fais savoir de mes nouvelles que peut-être je ne pourrais vous écrire avant longtemps c’est à cause que je suis empressé de vous faire savoir de mes nouvelles afin de vous tenir tranquille ainsi que toute la famille.

Ma chère mère, quoi que je vous annonce cette nouvelle, il ne vous faut point vous chagriné pour cela que pour moi, je ne me chagrine point du tout ; qu’il vaut mieux y aller le plus tôt que de tarder. Quant au bonheur que de Dieu me conserve la santé, que je puis retourner au pays, je serai content.

Mais je vous dirai que j’ai trouvé un de mes paÿs, Etienne Picard, et qu’il m'a chargé de vous dire de faire bien des compliments à son père, à ses frères et sœurs, et que lui il se porte [bien] et qu’il se trouve dans les chasseurs de la douzième légère la 2e compagnie 2e bataillon 2e légère.

Ma chère mère je vous prie de faire bien mes compliments à tous mes parents et ainsi à tous ceux qui s’informeront de moi.

Ma chère mère, je vous prie de me faire réponse le plus tôt qu’il vous sera possible mais vous me ferez rien passer car que je suis point de le recevoir.

Ma chère mère, j’ai l’honneur de vous saluer avec respect.

Je suis pour la vie votre cher fils Antoine Basse

A monsieur Antoine Basse soldat au 4e regiment 1er bataillon 3e compagnie faisant partie au 4e régiment de ligne à Bayonne ou à la suite du bataillon