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1795 : la violence thermidorienne en plaine de Crau

La violence thermidorienne

Avec la chute de Robespierre sensuit une alternance des pouvoirs ente néo-jacobins et thermidoriens qui frisent avec le royalisme.

Le 11 germinal an III, le représentant Poutlier renforce de 30 hommes le détachement du 20e régiment se trouvant à Salon avec mission de parcourir les routes du district pour arrêter toutes les personnes armées errantes. Le 11 floréal suivant, le gardien de la prison de Salon se rend auprès de la Commission Municipale pour dénoncer une insurrection se produisant à la prison suite à l'interrogatoire d'un détenu par le juge de paix. Les membres de la commission se rendent sur place pour constater le calme régnant dans les couloirs et les bâtiments de la prison.

Avec la révolte jacobine de Toulon, en prairial an III, au moment où les sections de Paris entrent dans la Convention avec la tête du député Ferraud au bout dune pique, ladministration districale salonaise est mise au pied du mur de lobligation de répression anti-jacobine mise en place par le département siégeant à Aix : il faut rechercher les auteurs mais aussi les complices de la révolte toulonaise et pour cela, des mesures de police restreignant la liberté de mouvement sont prises le 12 prairial an III puisquil faut non seulement contrôler les passeports mais aussi arrêter ceux qui nen nont pas, sinformer d ils viennent et ils vont. A ceci sajoute une enquête de moralité et de civisme, mesures prises en leurs temps par els jacobins suite au siège de Lyon, mais en moindre mesure. Afin dappuyer ces mesures, le département sappuie sur celles prises par les comités de Salut Public, et Sureté Générale conte les faubourgs parisiens. Le département ne manque pas de signaler ce fait au district de Salon pour bien assurer sa légitimité à prendre des mesures restrictives voir anti-constitutionnelles. Dès le 13, le district de Salon informe les communes de sont ressort qui sempressent, comme à la Barben de surenchérir dans les mesures répressives excessives : « nous avons prévenude faire une visite domiciliaire et de faire arrêter tous les citoyens trouvés sans passeports, de les laisser en arrestation jusquà ce quils aient donné des preuves de leur civisme »1. Pris dans lengouement de la pris e de Toulon, les administrateurs thermidoriens de Salon et des communes de son arrondissement se laissent aller à vouloir créer une force armée départementale politisée comme lon fait les fédéralistes en 1793, mais cette fois ci pour aller « au secours dArles ville longtemps opprimée »2.

Le 15 prairial, les représentants à Toulon se montrent encore plus restrictif et demandent larrestation des personnes sans passeport « et qui ne justifieraient des motifs de leur arrivée dans leurs communes »3. Toutefois, ces directives strictes devant protéger la Patrie mais aussi « les bons citoyens » des terroristes , arrivées à Salon et devant être appliquées dans sa circonscription, le doivent avec « vigilance, fermeté mais sagesse et modération »4.

Dans la plaine de Crau, ces alarmes perdurent durant le début de lété, en messidor, et tournent aux gesticulations alarmistes vaines, comme à Grans et Pelissane ou en exécution dun arrêté des représentants du peuple du 18 prairial, des visites domiciliaires dans les écuries sont effectuées afin de trouver des chevaux volés au 1er et au 25e chasseurs à Toulon.

Cette intoxication propagandiste mène au massacre de l'ancien président du département, le 17 prairial, devant la société populaire de Salon par la foule devant une municipalité mi médusée mi attentiste.

Dans la nuit du 15 au 16 messidor an III, une tentative d'intrusion dans la prison de Salon est déjouée. Cela permet aux thermidoriens de la municipalité d'enfoncer le clou rappelant « la vengeance de lois (et pas la justice des lois) sur les sectateurs du nouveau système d'anarchie que nos féroces ennemis veulent propager dans la République »5.

 

Jérôme Croyet, docteur en histoire,

conférence aux Amis du Musée de Salon le 7 octobre 2015

 

1 Lettre de la municipalité de la Barben au district de Salon, 15 prairial an III. A.D. 13 série L.

2 Lettre de la municipalité de la Barben au district de Salon, 15 prairial an III. A.D. 13 série L.

3 Lettre des représentants du peuple au procureur du district de Salon, 15 prairial an III. A.D. 13, série L.

4 Lettre du procureur général syndic du département à celui du district de Salon, 3 prairial an III. A.D. 13, série L.

 

5Lettre de la commission municipale de Salon au district de Salon, 16 messidor an III. A.D. 13 série L.

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