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1814 : Napoléon à Orgon

NAPOLEON A ORGON 1814

 

Lors de son trajet vers l’île d’Elbe, Napoléon subit la fureur d’une partie de la population provençale qui le rend responsable de la guerre. A Orange, à 3 heures du matin le 25 avril 1814, l’hostilité est déjà perceptible. A Avignon, à 6 heures du matin, Napoléon échappe par surprise aux violences de la foule. Le convoi impérial fait halte à Saint-Andéol puis à l’auberge « Aux Petits Pavés  » à Orgon. Là, « la rage du peuple était à son comble », écrit le trésorier Guillaume Peyrruse. « devant l’auberge même, où l’on avait forcé les relais à s’établir ; on avait suspendu un mannequin, représentant Sa Majesté, en habit vert de sa Garde, avec un papier ensanglanté sur sa poitrine. La populace des deux sexes se pressait, se cramponnait à la voiture de Sa Majesté et cherchait à la voir pour lui adresser les plus fortes injures. Le danger était imminent ; les Commissaires [des puissances alliées] s’empressèrent de descendre de leurs voitures pour se ranger autour de celles de l’Empereur » Peyrusse intervient, harangue la foule composée d’Orgonnais, mais aussi, suivant le maire Rostand, de membres du "Royal Cibois" descendus du Lubéron. Ces « paroles, prononcées très énergiquement en langue patoise, suspendirent les hurlements de la multitude. Les chevaux se trouvant attelés, on les lança au grand galop, et la rage des gens d’Orgon expira dans quelques jets de pierre lancés sur la voiture de Sa Majesté ». Toutefois, avertit par le maire d’Orgon, André Rostand qui, bien que pas bonapartiste, ne voulait de meurtre sur la commune, Napoléon revêt une lévite bleue, se coiffe d’un chapeau rond et traverse Orgon dans la première voiture sans être reconnu. Dès lors, Napoléon avance, prudemment, passé Orgon, il change d'habit et prend celui d'un de ses courriers et passe ainsi par Saint-Canat où la foule est aussi effervescente, bien lui en prend. En effet, à l'auberge La Calade, à trois lieux avant Aix où « la maîtresse du logis ...cette mégère ne lui déguisa pas la haine que l’on portait à Napoléon et la résolution où était le peuple de le massacrer lors de son passage à Aix ». Dès lors, se sentant en danger par la faute des commissaires du gouvernement de Louis XVIII, qui ont « ameuté les populations sur son passage », l'aide de camp du général Souvaroff se rend auprès du maire d'Aix afin de le sommer d'assurer la sécurité de Napoléon.  « A onze heures, l’aide de camp rentra à La Calade, nous donnant l’assurance que le maire répondait du passage et de la tranquillité de la ville. On se prépara pour le départ ; néanmoins on jugea prudent de donner à Sa Majesté le conseil de prendre un déguisement et de se placer dans une autre voiture », écrit Peyrusse ; ce que fait Napoléon dont le convoi est dès lors encadré de gendarmes qui dispersent « les groupes qui cherchaient à nous entourer en vociférant les cris de Vive le Roi ! A bas le tyran ! » Avant le lever du jour, le 26 avril 1814, Napoléon quitte La Calade. 

 

Jérôme Croyet,

Docteur en histoire

 

Président-fondateur de la SEHRI

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