Donatien Alphonse François de Sade naît le 2 juin 1740. Il est issu d'une vieille famille provençale dont le château est situé à Lacoste, non loin d'Avignon. Son père, Jean-Baptiste, capitaine des dragons est lieutenant des provinces de Bresse.
Dès l'âge de 4 ans, Donatien Alphonse François est envoyé en Provence, où il est l'accueillit par ses tantes et son oncle, l'abbé de Sade, correspondant érudit de Voltaire mais aussi libertin. En 1754, il entre à l'école des chevau-légers, d'où il sort sous-lieutenant dans la Maison du roi. Il combat durant valeureusement durant la guerre de Sept ans, il prend du grade et y fait ses premières armes de libertin aimant le théâtre, les table de jeux et les bordels. Réformé à la signature de la paix en 1763 mais endetté, il épouse Renée-Pélagie de Montreuil, issue de la petite noblesse de robe mais richement dotée. Au décès de son père en 1767, il hérite les biens en Provence et gagne sa vie avec sa charge de lieutenant-général, ce qui lui permet de vivre licencieusement. Dès 1768, il a à faire avec la justice, non pour avoir abusé de deux prostituées, mais pour avoir flagellé, le jour de Pâques, une jeune femme qui porte plainte. Sade est arrêté et condamné à une amende puis assigné à résidence à château de Pierre Cize à Lyon. Incarcéré pour dettes de jeu en 1771, il est le centre d'une affaire à Marseille en 1772.
En juin 1772, dans une chambre du troisième étage du 15 bis de la rue d'Aubagne à Marseille, Sade organise une orgie avec quatre jeunes prostituées : Mariette Borely de Valensole 23 ans, Marianne Laverne, lyonnaise 18 ans, Marianette Laugier d’Aix, 20 ans et Rose Coste 20 ans née dans le Rouergue. Il leur donne des pastilles aphrodisiaques, à la Richelieu, d'anis à la mouche cantharide qu'elles ingurgitent, sans doute avec trop d'empressement. En effet, une des jeunes femmes, qui a trop abusé des pilules, se croit empoisonnée. Elle porte plainte pour flagellation reçue et infligée, futution, sodomie et empoisonnement selon le rapport de police. Elles témoignent alors de l'homosexualité entre Sade et son domestique. Informé de la plainte, Sade, son valet et sa belle-soeur chanoinesse au préalablement séduite, s'enfuient. Dès le 11 juillet, le château La Coste, dans le Lubéron, est perquisitionné. Sade étant en fuite, le 3 septembre, le procureur du Roi prononce la sentence où « place Saint Louis au bout du cour pour, sur un échafaud...avoir le dit sieur de Sade la tête trnachée et sur une potence...le dit Latour pendu et étranglé jusqu'à ce que mort s'en suive ». Suite à quoi, la justice les condamne à un sort infâme en terre chrétienne : avoir leurs corps devront être brûlés et les cendres jetées au vent ; n'être donc pas enterrés en terre consacrée. Sade est reconnu coupable d'empoisonnement et Latour de sodomie.
Quoi que « condamnés à être livrés entre les mains de l'exécuteur de la Haute Justice », ils devront faire « amende honorable au devant la principale porte de l'église cathédrale la Majorale à genoux tête et pieds nus en chemise, corde au col tenant chacun un flambeau de cire jaune du poids d'une livre, ardent, entre leurs mains, demander pardon à Dieu, au Roy et à la Justice ». Toujours insaisissables c'est en effigie que le 12 septembre 1772, Sade est décapité sur un échafaud alors que celle de son valet, Latour, est pendue en public sur la place des Prêcheurs à Aix en Provence.
Sa belle-famille le dénonce en décembre 1772 alors qu'il est à Chambéry. Il est enfermé au château de Miolans d'où sa femme cherche à le faire évader. Il s'enfuie le 30 avril 1773 pour gagner l'Espagne avant de revenir en Provence et gagner Lyon en 1774 pour rejoindre sa femme. Arrêté en février 1777, il est enfermé au donjon de Vincennes puis à la Bastille avant d'être transféré à Aix au début de 1778.
Dès lors, le « bourbier Aix » devient « la ville de l'échafaud toujours dressé par des marchands de thon accidentellement vêtus d'un jaquette, dont pas un seul ne sait seulement le français », bien qu'il soit blanchi en juin 1778 par la rétractation des plaintes des prostituées. La condamnation de Sade dans l'affaire de Marseille en 1772 est à rapprocher d'une perspective politique voyant l'opposition des parlements Maupeou et la noblesse d'épée dès 1771.
Le marquis de Sade est enfermé au donjon de Versailles du 13 février 1777 au 29 février 1784, date à laquelle il est transféré à la Bastille. C'est là que Sade aurait été le voisin de geôle de Mirabeau. Une altercation les aurait même opposée. Durant leur incarcération, les deux provençaux se tournent vers la littérature pour tromper l'ennui de l'incarcération. C'est à la Bastille, en 1785, que Sade rédige les Cents Vingt Journées de Sodome.
Jérôme Croyet
président-fondateur de la SEHRI
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