1883 : le 23e RI au Tonkin

Le 23e régiment d’infanterie est caserné à Bourg en 1874, suivant les accords passés entre la ville et le ministre de la guerre le 15 juin. Le régiment est au complet en ville jusqu’en 1887, date où le 3e bataillon va s’installer à moitié à Salins et à Pontarlier au grand mécontentement du maire, Georges Loiseau qui demande, en 1910 au ministre de la Guerre le rapatriement du 3e bataillon à Bourg. La garnison à Bourg est classique, toutefois entrecoupé de faits marquants : le 11 décembre 1876, alors qu’un incendie violent fait rage à l’hôtel des Dombes, les soldats du 23e prêtent main forte aux sapeurs pompiers. Le 7 juillet 1879, un sous lieutenant sauve un enfant de la noyade et le 19 mars 1890, deux soldats interceptent une voiture dont le cheval était devenue incontrôlable. Le 23e est partie prenante de la vie burgienne jusqu'à son départ le 1er avril 1923.

De son côté, le Bugey accueille, en 1873, à Belley et à Pierre Châtel le 133e régiment d’infanterie, plus connu sous le nom de Lions du Bugey. Si la vie en garnison y est morose, la présence du régiment augmente la population de la ville d’un tiers.

Le camp de Sathonnay accueille pour sa part 2 bataillons du 22e de ligne, des zouaves des 2e et 3e régiments, des artileurs du 54e et des cuirassiers des 7e et 10e régiments.

Durant cette période de préparation militaire, les régiments en garnison dans l’Ain ne sont pas inactifs. Un bataillon du 23e régiment d’infanterie participe à la conquête du Tonkin. Il quitte Bourg le 22 décembre 1883 et forme brigade avec la Légion Etrangère. Il est aux combats de Bac-Ninh le 12 mars 1884 où il participe à l’assaut la citadelle, à la prise d’Hanoï le 25 mars, Son-Tay, Bac-Lé, Lang-Kep, Dong-Song, Tuyen-Kouang, Hong-Hao, Ké-son, Son-Lay, Haï-Phong et Tien-Tsin. Malgré ces victoires le régiment subit de lourdes pertes dues à la fièvre et au choléra durant cette campagne et doit abandonner ses bagages lors de la retraite de Lang-Son le 30 mars 1885. Pour fêter son retour à Bourg le 6 juin 1886, une réunion de patriotes, le Comité du Quartier de la Gare, menés par Convert, Bollet, Coppé, Protat, Rey, Corsaint, Devaux, Beraux, Parant, Maire et Sudre, mais qui touche toute la Bresse et la Dombes1, a lieu le 29 mai 1886 décide d’offrir un banquet patriotique. Le repas coûte 4 francs et est servi le 12 juin 1886, au Buffet de la Garde à Bourg. Le jour de l’arrivée des soldats du 23e à Bourg, tout le quartier de la Gare est en fête : 23 petits drapeaux tricolores, 15 banderoles, 6 écussons aux armes de la ville et 111 lanternes vénitiennes ornent la rue Baudin. Le banquet réuni 25 convives et l’on y mange un menu de circonstance :

 

Potage

Sentinelle isolée

Hors d’œuvre

Terrines Siamoises

Relevés

Saumon sauce Tonkinoise

Filet à la Godart

Canetons à la Morineau

Légumes

Haricots verts

Roti

Poulet tonkinois à la Maissiat

Ecrevisses en embuscade

Entremets

Croute aux ananas de Bac-Ninh

Pièce du siège de Fou-Tchéou

Desserts

vins et cigarettes

 

De même un contingent du 133e de Belley et des compagnies du 200e de ligne instruites à Sathonnay, participent à l’expédition de Madagascar en 1895 mais avec moins de succès : les soldats, mal préparés, sont décimés par la fièvre.

 

Jérôme Croyet

cours donné à l'UTA de Villars les Dombes, l'Université Lumière Lyon II, 2003 

 

 

1 Une quête qui rapporte 26 francs, est organisée à Villars les Dombes à l’occasion d’un dîner organisé à l’occasion du départ du percepteur pour l’Algérie.

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