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1802 : Lyon et Napoléon

Les lyonnais ont confiance en Napoléon en qui ils voient le « salut de la France, de la reconnaissance de son commerce, de la prospérité de ses manufactures, de l’indépendance de l’Europe »1 et lorsque la guerre, qui forme la 4e coalition, est déclarée avec l’Angleterre, les lyonnais considèrent l’Empereur comme une victime et pas comme un moteur. De ces faits, les lyonnais partent à l’armée en déférence à Napoléon tandis que dans l’Ain on part à l’armée par devoir et idéologie née de la Révolution.

A Paris, le pouvoir impérial sait son emprise sur Lyon et l’exprime ouvertement : « Lyon, déjà comblée des bienfaits de celui qui releva ses édifices et repeupla ses ateliers, croit n'avoir plus de vœux à former, et n'éprouve que le besoin d'entourer de ses justes transports le libérateur qu'elle chérit. Mais la sollicitude de l'Empereur pour cette capitale de l'industrie française n'est point épuisée, et, lorsqu'on ne l'entretient que de reconnaissance , son regard découvre encore les moyens d'accélérer les progrès d'une prospérité toujours croissante depuis son règne; les parties méridionales de la ville seront assainies; le Rhône sera contenu dans ses rives et rapproché de la ville qu'il semble vouloir abandonner. De sages règlements fixent la fidélité dans les ateliers et garantissent la confiance du consommateur étranger, sans gêner la liberté de l'industrie; des récompenses décernées par l'Empereur lui-même redoublent l'émulation des ouvriers; une école de dessin assurera le perfectionnement de l'art. Lyon communiquant avec la mer par le midi, bientôt avec le Rhin par le canal Napoléon, avec l'Océan et la Manche par la Saône, la Loire et la Seine, débouché de la Suisse et du Piémont, jouira d'un entrepôt qui, développant le bienfait d'une situation si heureuse, achèvera de la rendre le centre d'un vaste commerce »2.

C’est à l’occasion du premier déplacement officiel du Consul Bonaparte à Lyon, du 21 nivôse au 7 pluviôse an X, pour superviser les délibérations des députés cisalpins sur leur Constitution, que la garde d'honneur de Lyon en constituée sous ls ordres du commandant Berruyer. Elle est un rassemblement de la « brillante jeunesse lyonnaise »3 formant l’élite social de la ville qui se constitue en corps de cavalerie légère. Les gardes s’engagent à payer leurs tenues, leurs équipements et leurs chevaux pour faire un à un service volontaire auprès de Bonaparte. Afin d’honorer dignement le consul et de faire un service acceptable, les jeunes gens se livrent à des entraînements équestres aux Halles, dès le 3 janvier 1802 place du Méridien.

Dotée d’un drapeau, qui la différencie de la Garde Nationale, la garde d’honneur de Lyon se prépare, dès le 17 nivôse, à l’arrivée du « restaurateur de la patrie » annoncée par le général Duhesme. Elle attend durant deux jours, sur le route de Mâcon, l’arrivée de l’auguste personnage pour l’accompagner, précédant le convoi impérial. « Le 25, sur la place Bonaparte, pour les fêtes de l’élection, les troupes sont rangées en bataille : la garde d’honneur, un détachement de la garde consulaire, la garnison de Lyon et des troupes revenues d’Egypte »4 à qui sont remises 32 armes d’honneur.

 

Jérôme Croyet

président-fondateur de la SEHRI

 

1 Rapport du préfet du Rhône, A.D. Rhône 1M 110.

2 Discours sur l’état de l’Empire, 1806.

3 BUCQUOY (commandant) : « Gardes d’honneur de Lyon » in Gardes d’honneur, les uniformes du 1er Empire, Jacques Grancher éditeur, Paris.

 

4 “Gardes d’honneur de Lyon, 1802-1805 » in L’armée de Napoléon, DOMANGE (Jacques), UMHEY (Alfred), Le Livre Chez Vous, Paris, 2006.

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