1791 : les sociétés populaires dans l'Ain

LES MOYENS D'ACTIONS

 

Dès leur accession aux places administratives, en 1791, puis leur main mise politique en 1792, les révolutionnaires de l'Ain ont cherché des appuis, populaires puis institutionnels, comme les municipalités et les districts qui se sont révélés trop fluctuants. Ils trouvèrent alors un soutien sûr dans les sociétés populaires, dès 1791, puis avec les comités de surveillance, les représentants du peuple et leurs commissaires civils de 1793 à 1795.

Ce groupement des idées et la liberté de parole, soumise à un entre soit épuratoire, permet de limiter l’usage de la violence répandue en 1789 qui alors, « faute de meilleure possibilité…constitue la seule manière de faire connaître son mécontentement et d’exercer une pression sur le pouvoir : un droit de veto par les actes »1.

LES SOCIETES POPULAIRES

 

Les sociétés populaires sont des "lieux privilégiés d'acculturation politique, les sociétés révolutionnaires forment très tôt ce vaste laboratoire où s'expérimentent le langage, les pratiques, les représentations de la démocratie directe : l'identification de l'individu au citoyen, l'apprentissage du discours égalitaire, le travail de l'unanimité, le règne de l'opinion"2. En France comme dans l'Ain, "les clubs sont devenus l'emblème du patriotisme, le lieu par excellence où s'affirme et se donne à voir l'adhésion aux décrets de l'Assemblée nationale"3.

Même si les sociétés populaires4 ne sont pas instaurées par le Gouvernement, elles sont rapidement réglementées au niveau national par des lois et des décrets. Ainsi, le 12 mars 1793, la Convention décrète l’envoi du Bulletin de la Convention aux sociétés populaires. Le 13 Juin 1793, la Convention prend un arrêté qui ordonne la mise en liberté des membres des sociétés populaires et comités de surveillance mis en état d'arrestation par les autorités constituées fédéralistes. De plus il stipule que les autorités constituées n'ont pas le droit de troubler les citoyens dans le droit qu'ils ont de se réunir en sociétés populaires. Le 9 brumaire an II, la Convention prend un décret qui interdit aux femmes de faire partie d'une société populaire et qui déclare les séances de ces dernières publiques. Le 6 fructidor an III, suite à un discours du député Mailhe, la Convention décrète la dissolution des sociétés populaires.

 

Les premières sociétés populaires voient le jour dans l’Ain en 17905, comme dans le Dauphiné voisin. Elles correspondent alors à l'idée que se font les hommes éclairés, comme Thomas Riboud, d'un "goût très vif de la sociabilité…qui porte les hommes des Lumières à se réunir, pour réfléchir et converser de concert, dans un sentiment de fraternité…Ce rêve d'harmonie, c'était celui déjà qui incitait Lalande, en 1755, à créer la société littéraire de Bourg en Bresse, c'était celui que poursuivaient les membres des six loges maçonniques établies en 1754 et 1777 dans le futur département ; c'était encore celui que formulait Thomas Riboud…dans son discours du 24 février 1783 prononcé lors de la première séance de la société d'Emulation de Bourg en Bresse"6.

C’est souvent après avoir désirer « depuis longtemps se réunir en club et association patriotique » qu’au début de 1791, des sociétés populaires rattachées aux Jacobins de Paris fleurissent dans le département7 sous l'activisme de certains patriotes. En effet, car outre la connaissance de formations nombreuses de sociétés en France, la modélisation se fait à l’égard du club des Jacobins de Paris, vu comme un « digne modèle de patriotisme, de courage et d’énergie pour le soutien et l’avancement de la constitution »8. La première société à s'affilier aux Jacobins est celle d'Ambérieu en Bugey, le 27 novembre 1790, celle de Bourg se dote de statuts et s'affilie aux Jacobins de Paris, en janvier 1791, celle de Pont de Vaux s'affilie le 2 janvier 1791 et celle de Trévoux le 24 mars. Dès sa fondation, la société de Bourg se donne comme objectif de "protéger l'exécution des lois sages qui assurent le bonheur à tout citoyen, de concourir au maintien du bon ordre, de surveiller les ennemis du bien public et d'éclairer ceux qu'on voudrait rendre victimes de leur bonne foi et de leur crédule simplicité"9. De son côté, la société de Châtillon-sur-Chalaronne veut « développer de plus en plus les sentiments dont…[les membres] sont animés pour la nouvelle et bienfaisante Constitution du Royaume »10.

La loi du 9 octobre 1791 sur les sociétés populaires, dictée par les Feuillants, cherche à les dépolitiser suivant le principe que la révolution est faite et que leur rôle politique s'arrête aux acquis de la constitution. Totalement acquises aux patriotes après la chute de Louis XVI, les sociétés populaires de l’Ain deviennent le fer de lance républicain dans le département. Chaque canton possède au moins, à partir de la mi-1793, sa société populaire qui draine un large public au chef lieu, siège de la société. Seules les villes de Bourg, Belley puis Bâgé11 possèdent temporairement deux sociétés. Si cette dualité politique traduit des confrontations à Bourg et à Belley du type "sociétés rivales" comme en Haute Normandie, la seconde société populaire de Bâgé est une société des Jeunes Sans-Culottes à caractère plus instructif et citoyen. La crise fédéraliste se fait bien ressentir dans les délibérations des sociétés populaires qui acquièrent un rôle politique consultatif sans précédent. Elles deviennent des embryons de partis politiques. Conscients de ce nouvel acquis, les sociétaires du département se réorganisent en société de Sans-culottes durant l’hiver 1793, désormais indépendantes du réseau jacobin parisien qui n'est plus qu'un modèle, pour se créer leur réseau en créant des affiliations mutuelles12.

 

Dotés d’un fort esprit de fraternité13 depuis la fin de la crise fédéraliste et de l’accélération des événements révolutionnaires à l’automne 1793, matérialisé en l’an II par des participations communes à des fêtes patriotiques, les sans-culottes se réunissent en sociétés populaires qui s’épurent dès le mois de septembre 179314. Ces transformations font des émules et beaucoup de sociétés populaires se créent en 179315. Le mode de création des sociétés populaires de l'Ain est atypique, bien que le département se situe dans un axe Est-Sud, son système d'implantation sociétaire correspond à un schéma septentrional "caractérisé par une implantation lente, à partir des principales villes et une explosion en l'an II"16. Cette forme de création et d'expansion des sociétés populaires caractérisent encore le caractère déboussolé et isolé du département de l'Ain. L'Ain comptera jusqu'à 61 sociétés populaires, ce qui place le département au dessus de la moyenne nationale qui est de 5617, au dessus de la Côte d'Or qui n'en possède que 26 de 1791 à l'an III, dont une de femme, mais bien loin derrière la Seine Inférieure qui en possède 179, de l'Eure qui en possède 108 et de deux des trois départements du Dauphiné voisin, la Drôme et l’Isère18. Le district de St Rambert, assurément un des plus révolutionnaire de l'Ain, compte le 1er germinal an II pas moins 11 sociétés populaires. On peut estimer le nombre de sociétaires à environ plus de 5 800 personnes dans l’Ain.

 

C'est grâce à la fraternité patriotique qui s’exprime au travers des sociétés populaires que les Sans-Culottes puisent leur pouvoir. Désormais les sociétés populaires, dont celle de Bourg qui est une référence patriotique indispensable, jouent un rôle politique déterminant. De leur politisation, il résulte une légitimité qui ne peut les conduire qu'à des responsabilités encore plus grandes, elles deviennent les garantes de la Révolution : le 3 octobre 1793, la société des sans-culottes de Pont de Veyle annonce “ que malgré les calomnies que les malveillants n’ont cessé de répandre contre les clubs, il est incontestable que si jusqu’ici les efforts des tyrans coalisés ont été vains, la France en est en partie redevable à la surveillance actives des sociétés populaires ”19. L'idée de Blanc-Désisles et des sans-culottes est que "si la Convention appelait dans son sein quelques sujets pour remplacer les députés ou suppléants fédéralistes, elle s'adresserait sûrement pour ce choix aux dites sociétés qui composent la partie saine du peuple"20.

En effet, si les administrations peuvent être suspectées de modérantisme, les sociétés populaires épurées après la crise fédéraliste ne peuvent pas l’être et deviennent des réservoirs à patriotes éprouvés. Ce sont elles qui sont appelées par les représentants à fournir le nouveau personnel administratif en cas d'épuration des autorités ; sur 48 personnes proposées à Albitte au début de pluviôse an II pour participer aux administrations réorganisées de Bourg, 46 sont des sans culottes de la société populaire. Fraternelles, les sociétés des sans-culottes de l'Ain deviennent le maillage politique du département et les Sans-Culottes acquièrent la certitude qu'ils sont souverains et indispensables à une Convention qui n'est là que par leur volonté21. En pluviôse an II, les sociétaires se donnent une légitimité sur les autres citoyens et ne doutent pas de leur utilité politique : "les sociétés populaires ne doivent être composées que d'un petit nombre d'individus qui tous devaient être révolutionnaires "22 déclare Blanc-Désisles. Afin de renforcer leur puissance politique, Blanc-Désisles invite, le 9 brumaire an II, les sociétés et les comités à travailler de concert23. Modèles du renouveau social, les sociétés des sans-culottes doivent être composées d“amis des lois, et tous ouvriers, vigilants et laborieux24.

Ainsi, tout est mis en place pour éprouver ce patriotisme sociétaire ; le choix du jour de la séance de la société n'est pas anodin. En effet, le dimanche, jour chômé semble tout indiqué pour la tenue de la séance, celle-ci devient alors la nouvelle liturgie du citoyen ; car le souhait des sociétaires est d'élever les hommes et « graver [les lois] dans les mémoires ». Toutefois les clubistes subissent le poids sociétal du dimanche comme avant eux, les prêtres : si le dimanche est un jour chômé, c'est surtout un jour pour se détendre et force est de constater que des citoyens « préfèrent de faire séance aux cabarets du matin au soir ou de jouer et causer sur des places publiques »25 : de fait, comme les prêtres avant 1792, en l'an II, les sociétés demandent la fermeture des cabarets et débits de boisson durant leur séance.

 

Dans l'Ain, les sociétés populaires ont un rôle différent suivant leur localisation et leur date de fondation. Les sociétés des chefs-lieux de districts essentiellement, créées dès 1791, ont, en l'an II, un rôle d'agent révolutionnaire auprès des représentants du peuple et deviennent les thermomètres de la politique départementale, tandis que les sociétés plutôt rurales sont des écoles d'apprentissage politique et civique26, tout comme elle sont les vecteurs, autour des révolutionnaires du canton et les amplificateurs des désirs des habitants27. Les préoccupations des sociétés populaires, en l'an II, s'orientent suivant leur situation géographique : subsistances28 pour les sociétés proches de la Suisse ou sur les grands axes de communication, culte29 pour les sociétés proches du Jura ou de Lyon, etc… Par contre, toutes les sociétés, urbaines et rurales, réagissent politiquement après thermidor an II par l'envoi de lettres de félicitations à la Convention ou aux députés de l'Ain. Dès lors l'influence politique des sociétés populaires décline, sauf à Bourg, où la société est le centre d'impulsion de la réaction thermidorienne départementale.

 

Il est intéressant de noter que les sociétés populaires urbaines de l’Ain, comme celles de Bourg ou Belley30, influencées par les discours d’activistes charismatiques ou habiles orateurs, oublient souvent d’adapter leurs discours au monde rurale, qu’ils méconnaissent plus qu’ils ne le méprisent, grâce à une communication adaptée, ce qui n’est pas le cas en Dauphiné, où la société montagnarde des sans-culottes d’Embrun “ s’intéresse aux citoyens des campagnes pour les encourager à apporter leur obole à la Sainte Révolution ”. Sans doute les “ grosses sociétés populaires ” de l’Ain se reposent elles sur les sociétés des chefs lieux de canton pour établir cette communication ou pensent-elles que l’envoie plus ou moins réguliers de quelques un de leurs activistes de terrain dans les sociétés ou les communes rurales, comme Convers en Bresse, ou Rollet Marat dans le Revermont, suffit à répandre les idées mûries dans leurs débats. Seules des sociétés cantonales, comme celles de Bâgé, prennent soin de communiquer avec le monde rural les environnant mais ne se font pas pour autant les portes paroles des sociétés des chefs lieux de districts.

Mais cette élitisation d’une partie des masses et l'avènement d'une partie des sociétaires comme nouvelle classe dirigeante issue de la Révolution, par son adhésion dans les sociétés populaires, devient l’arme par laquelle les modérés vont les dénigrer afin d’en prendre le contrôle, en se montrant comme la meilleure alternative31 politique aux "sociétés dites des Sans-Culottes. . .composées tous d'ouvriers et d'artisans...qu ‘ils ne voulaient recevoir dans leur société que des hommes portant les tabliers" 32. Dès lors ne subsistent qu’un petit nombre de sociétés populaires des 62 existantes. Le 25 vendémiaire an III, la Convention demande les noms des membres des sociétés populaires. Un arrêté de Boisset, du 10 brumaire an III, demande des tableaux des membres des sociétés populaires du département, et ordonne leur épuration afin "d'en chasser les émissaires de Pitt et de Cobourg, les fripons et les oppresseurs du peuple"33. Avec le déclin de l’activisme populaire au début de l’an III, les sociétés populaires sont peu à peu désertées. Avec la fermeture de la société des Jacobins à Paris, "les sociétés populaires affiliées, maintenant sans direction, serraient impuissantes, la Réaction se déchaîne contre elles"34. Elles sont inexistantes à la promulgation du décret de la Convention les dissolvants.

 

C'est grâce à la fraternité patriotique qui s’exprime au travers des sociétés populaires que les Sans-Culottes puisent leur pouvoir. Désormais les sociétés populaires, dont celle de Bourg qui est une référence patriotique indispensable, jouent un rôle politique déterminant. De leur politisation, il résulte une légitimité qui ne peut les conduire qu'à des responsabilités encore plus grandes, elles deviennent les garantes de la Révolution : le 3 octobre 1793, la société des sans-culottes de Pont de Veyle annonce “ que malgré les calomnies que les malveillants n’ont cessé de répandre contre les clubs, il est incontestable que si jusqu’ici les efforts des tyrans coalisés ont été vains, la France en est en partie redevable à la surveillance actives des sociétés populaires ”35. L'idée de Blanc-Désisles et des sans-culottes est que "si la Convention appelait dans son sein quelques sujets pour remplacer les députés ou suppléants fédéralistes, elle s'adresserait sûrement pour ce choix aux dites sociétés qui composent la partie saine du peuple"36.

En effet, si les administrations peuvent être suspectées de modérantisme, les sociétés populaires épurées après la crise fédéraliste ne peuvent pas l’être et deviennent des réservoirs à patriotes éprouvés qui sont les seuls capables de désigner les vrais patriotes des tièdes et des insouciants. Ce sont elles qui sont appelées par les représentants à fournir le nouveau personnel administratif en cas d'épuration des autorités ; sur 48 personnes proposées à Albitte au début de pluviôse an II pour participer aux administrations réorganisées de Bourg, 46 sont des sans culottes de la société populaire. Fraternelles, les sociétés des sans-culottes de l'Ain deviennent le maillage politique du département et les Sans-Culottes acquièrent la certitude qu'ils sont souverains et indispensables à une Convention qui n'est là que par leur volonté37. En pluviôse an II, les sociétaires se donnent une légitimité sur les autres citoyens et ne doutent pas de leur utilité politique : "les sociétés populaires ne doivent être composées que d'un petit nombre d'individus qui tous devaient être révolutionnaires "38 déclare Blanc-Désisles. Afin de renforcer leur puissance politique, Blanc-Désisles invite, le 9 brumaire an II, les sociétés et les comités à travailler de concert39. Modèles du renouveau social, les sociétés des sans-culottes doivent être composées d“amis des lois, et tous ouvriers, vigilants et laborieux40.

 

Dans l'Ain, les sociétés populaires ont un rôle différent suivant leur localisation et leur date de fondation. Les sociétés des chefs-lieux de districts essentiellement, créées dès 1791, ont, en l'an II, un rôle d'agent révolutionnaire auprès des représentants du peuple et deviennent les thermomètres de la politique départementale, tandis que les sociétés plutôt rurales sont des écoles d'apprentissage politique et civique41, tout comme elle sont les vecteurs, autour des révolutionnaires du canton et les amplificateurs des désirs des habitants42. Les préoccupations des sociétés populaires, en l'an II, s'orientent suivant leur situation géographique : subsistances43 pour les sociétés proches de la Suisse ou sur les grands axes de communication, culte44 pour les sociétés proches du Jura ou de Lyon, etc… Par contre, toutes les sociétés, urbaines et rurales, réagissent politiquement après thermidor an II par l'envoi de lettres de félicitations à la Convention ou aux députés de l'Ain. Dès lors l'influence politique des sociétés populaires décline, sauf à Bourg, où la société est le centre d'impulsion de la réaction thermidorienne départementale.

 

Il est intéressant de noter que les sociétés populaires urbaines de l’Ain, comme celles de Bourg ou Belley45, influencées par les discours d’activistes charismatiques ou habiles orateurs, oublient souvent d’adapter leurs discours au monde rurale, qu’ils méconnaissent plus qu’ils ne le méprisent, grâce à une communication adaptée, ce qui n’est pas le cas en Dauphiné, où la société montagnarde des sans-culottes d’Embrun “ s’intéresse aux citoyens des campagnes pour les encourager à apporter leur obole à la Sainte Révolution ”. Sans doute les “ grosses sociétés populaires ” de l’Ain se reposent elles sur les sociétés des chefs lieux de canton pour établir cette communication ou pensent-elles que l’envoie plus ou moins réguliers de quelques un de leurs activistes de terrain dans les sociétés ou les communes rurales, comme Convers en Bresse, ou Rollet Marat dans le Revermont, suffit à répandre les idées mûries dans leurs débats. Seules des sociétés cantonales, comme celles de Bâgé, prennent soin de communiquer avec le monde rural les environnant mais ne se font pas pour autant les portes paroles des sociétés des chefs lieux de districts. Ces sociétés cantonales aspirent à « graver [les lois] dans les mémoires »46 en poussant les citoyens à fréquenter leurs séances et à se rendre à la lecture décadaire des lois.

Mais cette élitisation d’une partie des masses et l'avènement d'une partie des sociétaires comme nouvelle classe dirigeante issue de la Révolution, par son adhésion dans les sociétés populaires, devient l’arme par laquelle les modérés vont les dénigrer afin d’en prendre le contrôle, en se montrant comme la meilleure alternative47 politique aux "sociétés dites des Sans-Culottes. . .composées tous d'ouvriers et d'artisans...qu ‘ils ne voulaient recevoir dans leur société que des hommes portant les tabliers" 48. Dès lors ne subsistent qu’un petit nombre de sociétés populaires des 62 existantes. Dans le monde rural, leur impact sur les citoyens n’est pas toujours à la hauteur de leurs espérances et seul « un très petit nombre seulement des citoyens…assistent avec exactitude aux instructions publiques et aux séances de la société populaire »49. Et force leur est de constater qu’au printemps, à la campagne, comme les curés avant eux, les citoyens tièdes, insouciants ou « au moins indifférents à leurs devoirs de patriote…préfèrent de faire séances aux cabarets du matin au soir ou de jouer et de causer sur des places publiques »50.

Le 25 vendémiaire an III, la Convention demande les noms des membres des sociétés populaires. Un arrêté de Boisset, du 10 brumaire an III, demande des tableaux des membres des sociétés populaires du département, et ordonne leur épuration afin "d'en chasser les émissaires de Pitt et de Cobourg, les fripons et les oppresseurs du peuple"51. Avec le déclin de l’activisme populaire au début de l’an III, les sociétés populaires sont peu à peu désertées. Avec la fermeture de la société des Jacobins à Paris, "les sociétés populaires affiliées, maintenant sans direction, serraient impuissantes, la Réaction se déchaîne contre elles"52. Elles sont inexistantes à la promulgation du décret de la Convention les dissolvants.

 

d'après la thèse de doctorat d'histoire de Jérôme Croyet, "sous le bonnet rouge", obtenue en 2003 à l'Université Lumière Lyon II mention bien et félicitation du président du jury

mis en ligne par l’association SEHRI

 

1 DUFOING (Frédéric) : « les révoltes qui ont conduit à la Révolution de 1789 » in Front Populaire n°3, hiver 2020.

2 "Clubs et sociétés populaires" in Dictionnaire critique de la Révolution Française. Tome institution et création, page 108.

3 "Clubs et sociétés populaires" in Dictionnaire critique de la Révolution Française. Tome institution et création, page 115.

4 Dans l'Ain, le terme de club n'est jamais employé.

5 La société de Bourg date de 1790 et celle d'Ambérieu-en-Bugey d'août 1790. En Isère, il s’agit de celle de Grenoble et la Mûre.

6 BOUTRY (Philippe) : "sociétés politiques des Pays de l'Ain" in Le Bugey n°75, Belley, 1988, pages 171 à 206.

7 La société populaire de Châtillon-sur-Chalaronne est créée le 20 avril 1791.

8 Registre de délibérations de la société populaire de Châtillon, 20 avril 1791. A.D. Ain 13L75.

9 A.D. Ain série L non classée.

10 Registre de délibérations de la société populaire de Châtillon, 20 avril 1791. A.D. Ain 13L75.

11 Celles de Bâgé sont une société des sans-culottes et une société des jeunes sans-culottes, au début de 1794.

12 Le 24 brumaire an II, la société des sans-culottes de Bourg affilie la société des sans-culottes de Treffort. Le 30 nivôse an II, la société des sans-culottes de Bâgé propose de s'affiliée avec les sociétés de Bourg, Châtillon-sur-Chalaronne et Pont-de-Vaux.

13 Société des sans-culottes de Bâgé a une correspondance suivie avec celle de Mâcon. Au sein même des sociétés populaires de sans-culottes se côtoient fraternellement des individus ayant eux de graves différents sous l'Ancien Régime, tels Farges et Corsain cadet de Bourg ayant eut un grave différent en 1780.

14 Fondée le 14 avril 1793, la société des Amis de la Liberté et de l'Egalité de Poncin devient société des sans-culottes de Poncin durant l'automne 1793. Fondée le 10 avril 1792, la société des Amis de la Liberté et de l'Egalité de St Rambert devient société des sans-culottes. Le 9 brumaire an II, la société des Amis de la Constitution d'Ambronay devient société des sans-culottes d'Ambronay.

15 La société des sans-culottes de Pont-de-Veyle est fondée le 3 octobre 1793. La société de Cerdon est créée le 13 novembre 1793. Le noyau de la société de Pont-d'Ain est formé le 3 brumaire an II par les commissaires de la société de Bourg Frilet et Gaget. La société populaire de Lagnieu est fondée le 13 brumaire an II à partir d'une société littéraire fondée en 1791, celle de Jujurieux le 5 frimaire an II, celle de Tenay le 20 frimaire an II, celle de Courmangoux le 10 nivôse an II et celle d'Aranc le 20 nivôse an II et siège au Temple de la Raison.

16 BOUTIER (Jean), BOUTRY (Philippe) : "la diffusion des sociétés politiques en France (1789-an III), enquête nationale" in Annales Historiques de la Révolution Française, n°266, septembre octobre 1986. 84% des sociétés populaires de l’Isère sont fondées en l’an II.

17 Dans les Côtes-du-Nord le nombre de sociétés est de 17, il est de 10 dans le Cher et de 27 dans le Vaucluse.

18 Elles sont en Isère de 79. La Drôme est de loin, même au niveau national, le département possédant le plus de sociétés populaires, avec 267 d’entre elles tandis qu’en Hautes Alpes elles ne sont que de 52.

19 Lettre des sans-culottes de Pont de Veyle, 3 octobre 1793. A.C. Pont de Veyle. C.89.

20Déclaration de Convers. A.D. Ain 15L 131.

21"Alban maire (disait) qu'il ne fallait pas s'embarrasser du traître Gouly, en disant, ce traître voulait nous dissoudre, mais il n'en a pas le droit, ni même la Convention, nous sommes le peuple souverain, et c'est nous qui pouvons la dissoudre". Témoignage de Claude Marie Gayet. Cahier de témoignage 1. A.D. Ain 15L 132.

22Déclaration de Convers. A.D. Ain 15L 131.

23 DUBOIS (Eugène) : Histoire de la Révolution. . ..Tome 4 page 41

24 Registre de délibérations de la société des sans-culottes de Belley. A.C.Belley.

25 Registre de délibérations de la société populaire de Saint-Jean-le-Vieux, A.D. Ain 13L 74.

26 Ceci est du essentiellement à la maturité des sociétés vis-à-vis de la date de leur création.

27 La société populaire d'Aranc envoie une seule pétition au représentant du peuple Albitte, le 10 germinal an II, pour demander la conservation de son canton. Au début de messidor an III, la société populaire de Seyssel demande la construction de deux ponts sur le Rhône à Cordon et Seyssel pour favoriser le commerce.

28 Le 15 ventôse an II, la société des sans-culottes de Gex écrit à Albitte sur les subsistances. Le 26 germinal an II, la société de Nantua envoie une lettre aux administrateurs du district de Nantua sur la peur du manque de subsistances et le complot des affameurs. Le 9 floréal an II, la société populaire de Bâgé écrit à Méaulle pour qu'il prenne des mesures contre les accapareurs de bœufs. La société populaire de Collonges envoie une requête auprès de Méaulle sur le passage de grains entre la France et Genève.

29 Arrêté du 11 frimaire an II de la société populaire de Lagnieu contre le culte catholique. Le 30 prairial an II, la société de Neuville sur Ain, dénonce des habitants de Thol comme fanatiques.

30 On peut faire une exception de la société de Trévoux qui axe une partie de sa communication avec les villages alentours.

31 "notre municipalité (est) composée d'ouvriers, gens qui ne peuvent pas être bien éclairés, un serrurier pour maire a leur tête, jugé une ville comme Bourg si elle peut bien être gouvernée". Dénonciation contre Désisles, Alban, Laymant, Gallien et autres scélérats. A.D. Ain 15L 131-132.

32Dénonciation contre Désisles, Alban, Layamant, Gallien et autres scélérats. A.D. Ain 15L 131-132.

33 Arrêté de Boisset. A.D. Ain 13L 1.

34 GENDRON (François) : La jeunesse sous thermidor, page 42.

35 Lettre des sans-culottes de Pont de Veyle, 3 octobre 1793. A.C. Pont de Veyle. C.89.

36Déclaration de Convers. A.D. Ain 15L 131.

37"Alban maire (disait) qu'il ne fallait pas s'embarrasser du traître Gouly, en disant, ce traître voulait nous dissoudre, mais il n'en a pas le droit, ni même la Convention, nous sommes le peuple souverain, et c'est nous qui pouvons la dissoudre". Témoignage de Claude Marie Gayet. Cahier de témoignage 1. A.D. Ain 15L 132.

38Déclaration de Convers. A.D. Ain 15L 131.

39 DUBOIS (Eugène) : Histoire de la Révolution. . ..Tome 4 page 41

40 Registre de délibérations de la société des sans-culottes de Belley. A.C.Belley.

41 Ceci est du essentiellement à la maturité des sociétés vis-à-vis de la date de leur création.

42 La société populaire d'Aranc envoie une seule pétition au représentant du peuple Albitte, le 10 germinal an II, pour demander la conservation de son canton. Au début de messidor an III, la société populaire de Seyssel demande la construction de deux ponts sur le Rhône à Cordon et Seyssel pour favoriser le commerce.

43 Le 15 ventôse an II, la société des sans-culottes de Gex écrit à Albitte sur les subsistances. Le 26 germinal an II, la société de Nantua envoie une lettre aux administrateurs du district de Nantua sur la peur du manque de subsistances et le complot des affameurs. Le 9 floréal an II, la société populaire de Bâgé écrit à Méaulle pour qu'il prenne des mesures contre les accapareurs de bœufs. La société populaire de Collonges envoie une requête auprès de Méaulle sur le passage de grains entre la France et Genève.

44 Arrêté du 11 frimaire an II de la société populaire de Lagnieu contre le culte catholique. Le 30 prairial an II, la société de Neuville sur Ain, dénonce des habitants de Thol comme fanatiques.

45 On peut faire une exception de la société de Trévoux qui axe une partie de sa communication avec les villages alentours.

46 Registre de délibérations de la société des sans-culottes de Saint-Jean-le-Vieux. A.D Ain 13L 74.

47 "notre municipalité (est) composée d'ouvriers, gens qui ne peuvent pas être bien éclairés, un serrurier pour maire a leur tête, jugé une ville comme Bourg si elle peut bien être gouvernée". Dénonciation contre Désisles, Alban, Laymant, Gallien et autres scélérats. A.D. Ain 15L 131-132.

48Dénonciation contre Désisles, Alban, Layamant, Gallien et autres scélérats. A.D. Ain 15L 131-132.

49 Registre de délibérations de la société des sans-culottes de Saint-Jean-le-Vieux. A.D Ain 13L 74.

50 Registre de délibérations de la société des sans-culottes de Saint-Jean-le-Vieux. A.D Ain 13L 74.

51 Arrêté de Boisset. A.D. Ain 13L 1.

 

52 GENDRON (François) : La jeunesse sous thermidor, page 42.

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