· 

1790 : les massacres de Nîmes

 

le cas du communautarisme religueux gardois

Les protestants du Gard, nombreux et actifs, ont d'abord réagi favorablement à la Constitution civile du clergé puis à la Terreur. Ils ont loyalement participé aux grands principes leur accordant la liberté de conscience mais ils ont réactivé d'anciennes tensions avec les catholiques. Les Cévennes et le Languedoc ont alors été le théâtre de troubles religieux et politiques profonds. Marquée par la présence des catholiques et des protestants, longtemps ennemies, avec les prémices de la Révolution, la région a basculé dans une logique d’affrontements où haines politiques et religieuses se confondent. Les violences liées à la dynamique révolutionnaire réveillent le souvenir des guerres de religion qui ont forgé l’identité collective de la région, notamment dans les montagnes. Haut lieu de la réforme au temps des guerres de religion, les Cévennes veulent se positionner comme bastion patriote sous la Révolution alors que les hautes terres catholiques en réaction aux violences, adopte  un refus qui les pousse à s’engager aux côtés de la contre-révolution méridionale. Cette adhésion ne conduit cependant pas à la naissance d’une « seconde Vendée » de même que les haines confessionnelles ne l’emportent pas partout sur le consensus forgé au cours du siècle des Lumières, mais le Languedoc n’en est pas moins marqué par le rejeu de la mémoire des guerres de religion et son impact sur les comportements politiques collectifs durant la période révolutionnaire.

 

La cas Folacher : un nouvel éclairage

« Le journal Le Clairon du 25 novembre 1904 mentionne un Mémoire d’un Manuscrit  de Me Bernard de St Arcons de St Pierre le Dieux sous Aubenas donc voici le résumé ; un des chefs catholiques qui jouèrent un rôle dans les événements de Nîmes de juin 1790 était d’Ailhon [Ardèche], c’était Folacher[1], procureur au sénéchal de Nîmes, le beau-frère de Fromant, un autre chef dont la maison servit de rempart aux catholiques nimois dans la fatale journée du 13 juin et fut saccagée par les protestants, Folacher en fut un des plus intrépides défenseurs et il n’échappa à la mort que par une sorte de miracle qui est ainsi raconté dans un manuscrit contemporain. La Tour Fromant était si endommagée que les catholiques assiégés ne pouvaient s’attendre qu’à périr, lorsqu’un dernier coup de canon les sauva. L’ébranlement que reçut ce vieil édifice fit ouvrir une voute de manière qu’ils purent descendre dans une cave remplie de sarments où ils se cachèrent. Leurs ennemis, les croyant tués sous les décombres ne les cherchèrent pas ; ils eurent le temps de se mieux cacher et de s’évader. Folacher revint à Ailhon dans sa maison natale. Il y fut arrêté, conduit à Aubenas et de là à Villeneuve de Berg où commença une procédure dans laquelle on prétendait connaître les auteurs des assassinats commis à Nîmes. Les uns prétendaient que les catholiques étaient des aristocrates, les autres soutenaient que les protestants voulaient dominer en ne souffrant d’autre religion que la leur et qu’ils avaient le projet de s’emparer de tous le département (du gard) pour y fonder une république. Ces sont les massacres des catholiques de Nîmes du 13 juin 1790 qui occasionnèrent la première fédération de Jalès au mois d’août suivant, le curé d’Ailhon était alors Charles Gaspard de Fage, seigneur de Chaunes".

 

Théophile Folacher, 2 décembre 1904 à Ailhon

 



[1] André Folacher, fils de François Folacher, originaire de Prades. Naquit à Ailhon, il fit ses premières études de latin auprès de me l’abbé Tourette, ancien curé de Bays. Après avoir terminé ses études de latin, il entra au grand séminaire de Viviers où il prit même la soutane. Il abandonna bientôt le séminaire et renonça à faire ses études ecclésiastiques pour embrasser la carrière du barreau à la suite des affaires de Nîmes et de Paris où il remplissait les fonctions de notaire et où il mourut en 1817. Il avait épousé une demoiselle Chalmeton de Nîmes dont il eut deux fils qui se firent militaires et qui furent tués à Paris dans les journées de juillet 1830 pour la défense du roi Charles X. 

Écrire commentaire

Commentaires: 0