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1803 : le 8e de cavalerie devient le 8e cuirassiers

8ème régiment de cavalerie ci-devant Cuirassiers du Roi

 

 

Historique :

1792 : En garnison le 1er janvier à Arras, il comprenait un effectif de 450 hommes et 69 manquants. Il s’agissait du seul régiment possédant en 1792 la double cuirasse qui fera la célébrité des futurs régiments de cuirassiers. Il passa dans le mois de mars, d’Arras à Béthune. Le 1er mars, le 8ème de cavalerie était en garnison à Béthune fort de 436 hommes[1]. Le Journal Militaire de 1792, indique que le même mois, deux escadrons et l’Etat-major partirent de Guise pour se rendre à Rambouillet. Un escadron se trouvait à Laon et dut en partir pour se rendre à Etampes. Il faisait partie de l’armée du Nord du maréchal Rochambeau et de la colonne du général Théobald Dillon (28 avril).

Cette colonne constituée de deux escadrons du 6ème chasseurs à cheval à l’avant-garde, de deux escadrons du 1er régiment de cavalerie formant la tête de colonne, du 24ème et du 90ème régiments d’infanterie ainsi que deux escadrons du 8ème de cavalerie formant la colonne et enfin de deux escadrons du 13ème de cavalerie formant l’arrière-garde. Cette colonne partit de Lille à 10 heures du soir et arriva vers 4 h 30 du matin en vue de Marquain. Vers 4 heures, les chasseurs à cheval du 6ème avaient passé la frontière et chargé un piquet de dragons autrichiens qui se retira vers Tournai. A 5 h 30 du matin, le 6ème de chasseurs engagea le feu contre environ 200 cavaliers ennemis qui soutenaient la retraite autrichienne. Tard dans la journée, vers 21 h 30, la colonne se préparait à bivouaquer aux environs de Marquain, lorsque que 3 000 cavaliers autrichiens se présentèrent. Surpris au repos, peu aguerris, un sauve qui peut général éclata et se transforma en un indescriptible désordre. Dillon fut massacré à son retour à Lille par des soldats en colère[2].

Le 8ème de cavalerie fit ensuite partie de la brigade formée par les 3ème, 8ème et 10ème de cavalerie. L’armée du Nord était passée sous le commandement de Luckner. Le régiment occupa la droite de la 1ère ligne commandée par le général Biron et placé entre le village de Famars, près de Valenciennes et l’abbaye de Fontenelle, rive droite de l’Escaut. Le 25 juin, il était dans la 1ère ligne de la division de cavalerie de l’armée du Nord sous le commandement de maréchal de camp Charles Lameth. Le 12 juillet, son dépôt fut envoyé à Cambrai alors que Luckner se mettait en marche pour rejoindre Metz. Le 8ème de cavalerie suivit, arriva le 27 juillet à Longueville près de Saint-Avold et campa dans cette position jusqu’au 4 août. Il se rendit ensuite avec l’armée au camp de Richemont entre Metz et Thionville.

Le 10 août, le 8ème régiment forma une brigade avec les 1er et 2ème régiments de carabiniers, il fit partie de la réserve de l’armée du Centre du général Valence. Il passa ensuite dans une autre brigade qu’il forma avec le 10ème de cavalerie et commandée par le général Randan de Pully, 1ère ligne maréchal de camp Lynch. Il participa aux opérations de la bataille des défilés de l’Argonne puis de Valmy. En octobre, il était dans une division formée avec les 4ème, 8ème, 10ème et 17ème de cavalerie commandée par le maréchal de camp Pully et cantonna à Bouzonville.

Il passa ensuite dans les rangs de l’armée de Moselle. Dans les derniers jours de novembre, le 8ème de cavalerie participa à l’expédition montée contre la ville de Trèves. L’armée de Moselle forte de 17 000 hommes, s’étant rassemblée sous Sarrelouis, se dirigea le 26 novembre sur Toley et Rensfeld puis entra à Trèves le 4 décembre. Le régiment subit une grande attrition notamment en chevaux et dut affronter les rigueurs de l’hiver. Il était fort de 289 chevaux[3]. Après quelques combats inutiles sur la rive droite de la Sarre pour s’emparer des hauteurs de Bibelshausen et de Warren, la retraite se profila. Toute l’armée repassa la Sarre entre le 23 et le 24 décembre et vint s’établir entre Thionville et Sarrelouis. Le 8ème de cavalerie cantonna à Sarrable, son dépôt étant à Douai.

 

1793 : Une compagnie du 8ème de cavalerie se mit en route de Douai le 15 janvier pour se rendre à Gand. Il faisait partie des troupes de l’armée du Nord. Au début de 1793, il passa à l’armée du Rhin, division du maréchal de camp Destournelles qui dut attaquer et occuper Hombourg. Il fut appuyé par les 8ème et 11ème régiments  de cavalerie. Se mettant en marche de Sarrebruck le 9 février, Destournelles occupa les hauteurs de Bliescastel. Plus tard un détachement de 50 hommes du régiment se distingua dans une reconnaissance en avant de Deux-Ponts où il repoussa un parti de hussards du régiment de Wolfradt, le culbuta et lui fit quelques prisonniers. Hombourg étant pris, le régiment fut envoyé à Landstülh, puis retraita avec toute la division, il reprit sa position de Sarrable fort de 288 chevaux[4]. Les Français étant passés sur la défensive, le régiment sous les ordres du général Pully, cantonna à Walsbrun en avril. Au mois de mai, suite à la reprise de l’offensive des coalisés, le régiment et le corps de Pully se portèrent sur Hornbach. Les Français subirent des revers, ils furent assiégés dans Mayence et les coalisés s’avancèrent à nouveau en France. Le 21 juillet, le corps de Pully était à Lagweiden, l’armée française tenta de forcer le blocus de Mayence bien tardivement, le 22, elle était à Petersheim, les 23 et 24 sur les hauteurs de Cosel, mais Mayence ayant capitulé le 23 juillet, la retraite fut ordonnée à nouveau.

Début août, Pully reprit position aux avant-postes à Hornbach, puis le 8ème de cavalerie fut désigné pour faire partie des renforts chargés de rejoindre l’armée du Nord. Il partit du camp d’Ixheim, près de Deux-Ponts, alors fort de 281 cavaliers montés et passa par Sarreguemines, Saint-Avold, Courcelles et Metz avant d’arriver à Péronne  le 16 août. Le 8 septembre, le régiment combattit à la bataille d’Hondschoote, il entra le premier dans le camp de Walmouth en avant de Cassel, chargea l’ennemi et lui prit 16 voitures et quelques prisonniers. Il attaqua encore les Anglais près de Dunkerque, le lendemain il s’empara de canons de siège abandonnés par eux. Le 11 septembre, 50 cavaliers repoussèrent un gros parti des chevau-légers de la Tour qui tenta de surprendre le régiment et ses avant-postes. Il participa ensuite aux opérations de l’armée du Nord, notamment à la bataille de Wattignies et au déblocus de Maubeuge les 15 et 16 octobre où il prit quatre canons et leurs caissons à l’ennemi.

 

1794 : En 1794, il servait toujours dans cette armée. Le 21 avril, le 1er escadron chargea deux fois quatre escadrons ennemis, enleva une position que nous avions abandonnée, ainsi que trois canons et leurs attelages. Il participa aux opérations du mois de juin, notamment à la levée du siège de Charleroi. Le régiment chargea les chevau-légers de Krenski, les hussards de Saxe, et les cuirassiers autrichiens près de Marchiennes-le-Pont. Quatre fois Jourdan et son armée tentèrent le passage de la Sambre. Le 22 juin, le 8ème régiment franchit le cours d’eau délogea l’ennemi de ses positions avancées, mais quatre fois, Jourdan fut repoussé.

La cinquième tentative fut la bonne, le 26 juin Jourdan remporta la bataille de Fleurus où le 8ème de cavalerie se distingua par sa bravoure. Le 6 juillet, il était en Belgique, se comporta encore bravement à l’affaire de Maison-du-Roi près de Nivelles, puis entra en septembre en Hollande. Il prit part à divers combats durant le siège de Maëstricht, passa la Meuse à Viré et le 3 octobre passa la Roër à Juliers. Le 4, il chargea les ennemis dans la plaine entre Juliers et Berghem, puis marcha et atteignit Düsseldorf.

Le 1er septembre, il était à l’armée de Sambre-et-Meuse et faisait partie de la division de cavalerie du général Dubois, comprenant les 6ème, 7ème, 8ème et 16ème de cavalerie, le 12ème de dragons et de l’artillerie à cheval [5].

 

1795 : En 1795, il servit dans les rangs de l’armée de Sambre-et-Meuse sous Jourdan, il livra un combat le 4 octobre à Euch-sur-le-Mein et parvint à repousser l’ennemi après plusieurs charges. Le 3 décembre, il combattit à la bataille de Kreusnach.

 

1796 : Toujours sous Jourdan, il servit durant tous les combats de son armée qui fut battue par les Autrichiens. Il dut se mettre en retraite, occupa le 26 juin, après plusieurs combats, Bamberg, Salzbach et Wolfering. Le 28 juillet, le 8ème de cavalerie, combattit à Schweinfurth et dégagea le général en chef Jourdan, le général de division Lefebvre et leurs états-majors menacés et entourés par l’ennemi. Le 6 août, il combattit à Bamberg, le régiment protégea le passage de la Rednitz, la bataille fut perdue, le colonel Doré fut tué. Le 2 septembre, il servit à la bataille de Wurtzbourg, le 3ème escadron s’illustra lors de ce combat en chargeant l’infanterie autrichienne et en lui faisant une centaine de prisonniers.

 

1797-1799 : Il servit à l’armée de Sambre-et-Meuse sous Hoche, où le régiment s’illustra à la bataille de Neuwied, le 18 avril. Les préliminaires de Leoben mirent fin à la campagne. Le régiment passa à l’armée d’Angleterre puis à l’armée du Rhin en 1798. Il passa le Rhin près de Kehl, qu’il fut forcé de repasser en septembre. En août 1799, il repassa le Rhin dans le sens inverse près de Mayence, puis retraita sur Mannheim. En septembre, il passa encore le Rhin près de Mayence, puis le Mein à Lauderberg. Le régiment s’illustra à Philipsbourg et à Forcht, il fit 700 prisonniers, et enleva six canons et leurs caissons[6].

 

1800 : Le 8ème de cavalerie servit à l’armée d’Allemagne, division de cavalerie de réserve, où il comprenait trois escadrons pour 310 officiers et cavaliers. Cette division était celle du fameux général d’Hautpoul. Les opérations de guerre reprirent le 25 avril et le régiment entra en action le 27, date où il franchit encore le Rhin, cette fois à Brisach. Le 29 avril, la division d’Hautpoul se porta sur la Wutach, qui fut passée le 1er mai. Elle prit position à Neukirch. L’ennemi fut manœuvré et dut reculer, il fut bientôt également battu aux batailles de Stockach où il perdit 4 000 prisonniers, 7 ou 8 canons et 500 chevaux, puis à celle d’Engen. Le régiment se comporta bravement lors des différents combats, notamment les 3 et 5 mai.

Le lendemain de la victoire d’Engen, la réserve du général d’Hautpoul et le corps de Lecourbe furent envoyés à Stockach et se heurta le 5 mai à Moëskirch, à une importante force autrichienne. 25 canons en batterie interdisaient les accès du plateau. La division Hautpoul et la division Montrichard enlevèrent la position en essuyant de lourdes pertes, mais l’ennemi fut partout vaincu et forcé à la retraite. Dans cette bataille mémorable, les Autrichiens perdirent environ 8 000 hommes pour 1 500 français. Le régiment fut cité ensuite dans un rapport à propos de l’affaire de Nordlingen (23 juin) pour son zèle et son intrépidité [7]. Un armistice fut conclu après la défaite des Autrichiens à Marengo, mais les combats reprirent à la fin de l’année, en novembre. Le régiment s’illustra durant la courte campagne, armée du Rhin, notamment à la bataille d’Hohenlinden, le 2 décembre.

 

1801-1803 : Le régiment quitta l’armée du Rhin et se réunit aux troupes de Macdonald, qui dut traverser le Splugen puis se porter sur les arrières de l’armée autrichienne de Bellegarde. Le régiment participa à cette courte campagne. Le 7 janvier 1801, le corps de Macdonald atteignit Trente, après avoir traversé les Alpes et ses défilés. Un combat eut lieu contre le général Davidovitch, qui fit couper les ponts sur l’Adige et résista assez longtemps pour permettre à ses bagages et à son artillerie de se mettre en retraite sans être menacés. La ville fut prise d’assaut et Bellegarde signa bientôt à Trévise, l’armistice du 16 janvier 1801. La guerre étant bientôt terminée, une partie du 24ème régiment de cavalerie qui avait été supprimée, fut versée dans ses rangs au mois d’octobre 1801. Un arrêté du 23 décembre 1802, donnant la cuirasse aux 5ème, 6ème et 7ème régiments de cavalerie, le 8ème fut bientôt compris dans ce nombre et reçut bientôt un nouvel équipement. En 1803, il se trouvait à Toul, dans la 4ème division militaire commandée par le général Gilot[8].

Le 24 décembre 1803, le 8e de cavalerie devient le 8e régiment de cuirassiers.

 

Laurent Brayard

secrétaire-adjoint de la S.E.H.R.I.

 



[1] Réunion des officiers, Historique du 8ème régiment de cuirassiers, 1665-1874, p. 13.

[2] Réunion des officiers, Historique du 8ème régiment de cuirassiers, 1665-1874, p. 15.

[3] Réunion des officiers, Historique du 8ème régiment de cuirassiers, 1665-1874, p. 18.

[4] Réunion des officiers, Historique du 8ème régiment de cuirassiers, 1665-1874, p. 19.

[5] De Bourquerey, Historique du 25ème régiment de dragons, p. 98.

[6] Réunion des officiers, Historique du 8ème régiment de cuirassiers, 1665-1874, p. 28.

[7] Réunion des officiers, Historique du 8ème régiment de cuirassiers, 1665-1874, p. 33.

[8] Réunion des officiers, Historique du 8ème régiment de cuirassiers, 1665-1874, p. 34.

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