1793 : l'Ain vache à lait du Rhône

3.31 Le ventre Lyonnais

 

Dès l'apparition des complots royalistes dans la capitale des Gaules en 1790, il devient facile aux habitants de l'Ain et surtout du Bugey, d'assimiler Lyon à la contre-révolution d'autant plus que la ville est déjà assimilée au manque de nourriture dans le Bugey. Cette idée du "ventre lyonnais" est renforcée en 1793 par l'attitude des fédéralistes lyonnais qui se montrent plus soucieux de subvenir à leurs besoins frumentaires qu'à aider des départements alentour, tristement embarqués dans la révolte fédéraliste, d’autant plus que la récolte est mauvaise : le 27 juin 1793, lorsque les fédéralistes lyonnais députent à Bourg un commissaire afin de conférer sur leur sûreté et la tranquillité publique, ils n'oublient pas de faire mention de la suspension du maximum qui gêne leur approvisionnement. Cette assimilation, Lyon, famine, contre-révolution et fédéralisme, facilite la création dans le Bugey, cas unique dans le département, d'un bataillon contre Lyon dans le district de St Rambert dès le 1er juillet 1793 et d'une compagnie franche de volontaires contre Lyon issue de 49 communes du district de Belley, le 1er août 1793. La méfiance frumentaire de l'Ain envers Lyon ne cesse pas avec la Terreur[1], ni avec la réaction thermidorienne. Les réquisitions du 18 floréal an II, de fourrages pour l'armée des Alpes[2], du 11 messidor an II, de l'agent en chef des subsistances militaires de l'armée des Alpes qui emmagasine l'avoine dans les magasins militaires stipulant qu'outre la mise en réquisition de “ toutes les avoines existantes dans l'étendue de la république,. . .tout possesseur d'avoine sera tenu d'en faire le versement ”[3] et du 24 thermidor an II, de foins, d'avoines et de pailles pour l'armée des Alpes[4] sont toues obéis mais lorsqu' arrive des réquisitions des représentant du peuple pour l'approvisionnement de Lyon, à la fin de l'an II et au début de l'An III, la fronde anti-lyonnaise réaparait. Boisset, pour contraindre le directoire du district de Pont-de-Vaux, prend un arrêté, le 28 vendémiaire an III, concernant les “ mesures à prendre contre ceux qui refusent de satisfaire aux réquisitions soit pour l'armée des Alpes, Commune Affranchie et les semences orientales du département ”[5]. Mais il faut la garnison de hussards des Alpes dans quatre des neufs districts de l'Ain, principalement dombistes et bressans, et le cantonnement de canonniers dans les communes de Marboz et de Foissiat pour que ces réquisitions soient exécutées.

 

d'après la thèse de doctorat d'histoire de Jérôme Croyet, "sous le bonnet rouge", obtenue en 2003 à l'Université Lumière Lyon II mention bien et félicitation du président du jury

mis en ligne par l’association SEHRI

 

 



[1] De Pont-de-Vaux, le 7 ventôse an II, Albitte, obligé d'obéir à des réquisitions des représentants du peuple de Lyon, prend un arrêté relatif aux subsistances, mais résiste passivement afin de ne pas vider les marchés de la région.

[2] le district de Châtillon doit fournir 250 quintaux de foins et 400 quintaux de paille ; celui de Montluel 200 quintaux de foins et 400 quintaux de pailles, celui de Pont-de-Vaux 250 quintaux de foins et 400 quintaux de pailles et celui de Trévoux 300 quintaux de foins et 500 quintaux de pailles

[3] Circulaire de l'agent en chef des subsistances militaires de l'armée des Alpes au district de St Rambert, 11 messidor an II. A.D. Ain série 10L.

[4] le district de Pont-de-Vaux doit 3 000 quintaux de foins, 3 000 quintaux d'avoines et 10 000 quintaux de paille, le district de Trévoux 4 000 quintaux de foins, 12 000 quintaux d'avoines et 10 000 quintaux de paille, le district de Châtillon 4 000 quintaux d'avoine et 8 000 quintaux de paille et le  district de Montluel 8 000 quintaux d'avoines et 8 000 quintaux de paille.

[5] Registre de délibérations du Directoire du District de Pont-de-Vaux. A.D. Ain 9L.

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