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mai 1805 : création de la compagnie de réserve de l'Ain

 

 

Les compagnies de réserves départementales sont créées par Napoléon, à Milan, le 14 mai 1805. Etablies dans chaque département de l’Empire, elles sont sous les ordres d’un capitaine commandant et dépendent directement du préfet. Elles sont chargées de garder militairement la Préfecture, les archives, le dépôt de mendicité et les maisons d’arrêt. Chaque compagnie est rattachée à une légion de Gendarmerie, dont le colonel commandant est tenu de l’inspecter une fois par an. La compagnie de l’Ain dépend de la 21e Légion de Gendarmerie.

La Gendarmerie du Département de l'Ain fait partie de la 21e Légion (dont l'état-major est à Dijon) et est formée par la 2e Compagnie du 42e escadron. Chaque Légion, (il y en a 34), est composée de 2 escadrons à deux compagnies. La Légion de Dijon, regroupe le 41e escadron, compagnie de la Haute-Marne et compagnie de la Côte d'Or et le 42e escadron, compagnie de Saône et Loire et compagnie de l'Ain. Cette dernière formée d'homme sortant de l'armée et assermenté, est chargée en concurrence avec les commissaires de police de la sécurité et de la sûreté des biens et des personnes.

 

La compagnie départementale est composée de conscrits de la réserve à qui lon promet un service de proximité. Les sous-officiers et les caporaux sont choisis par le préfet. Les officiers sont nommés par lEmpereur sur proposition du ministre de la Guerre. Les officiers commandants la compagnie départementale de réserve de lAin sont Pierre Pélissier et Joseph Ganivet. Tous deux sont membres de la Légion d'Honneur. Le premier a servi comme capitaine au 45e Régiment d'Infanterie de Ligne. Il commande de la compagnie de réserve de lAin à partir de 1807 puis passe dans la gendarmerie d il sort en 1822. Le second a été capitaine adjudant major au 62e Régiment d'Infanterie de Ligne. Il prend le commandement de la compagnie de réserve de lAin en 1812. Le rôle de lofficier est tout aussi représentatif que militaire. Sil est chargé, avec le quartier-maître, de la comptabilité de la compagnie, il est responsable des marchés, de la discipline et de linstruction de ses hommes. Mais il est aussi une autorité quil convient dinviter à des réceptions : le 13 août 1812, le préfet Rivet convie Ganivet à assister à la cérémonie en lhonneur de la naissance du roi de Rome, qui a lieue le 15 dans la grande salle de la préfecture.

 

Si la compagnie de réserve de lAin est créée par le décret du 14 mai 1805, elle na quune organisation fantomatique jusquen 1807. En effet, leffectif théorique de 30 fusiliers est bien en dessous de la réalité. Peut être y a t il tout au plus une quinzaine dhommes sans officiers. Afin dobtenir une réelle organisation de la compagnie de réserve départementale, le 11 septembre 1807, le préfet de lAin propose à Denié, secrétaire général du ministre de la Guerre, délever la compagnie de lAin à la 5e classe. En effet, grâce au centime supplémentaire, la préfecture peut faire face aux dépenses occasionnées par la mise en place effective de la compagnie. Le préfet Bossi argue la nécessité qua le département davoir une force armée dans une ville ouverte et le besoin de fournir des factionnaires pour conduire les conscrits. En effet, si le service ordinaire, de plus en plus important, nécessite laugmentation de la compagnie de réserve, le peu de fusiliers interdit au préfet de leur délivrer de congés limités par crainte dinterrompre le service déjà bousculé lorsquil sagit de prêter main forte à la gendarmerie. Après examen, la requête de Bossi semble avoir portée ses fruits, puisque dès 1808 les revues indiquent que le nombre de gardes est de 36.

De fait, avec les campagnes dEspagne puis de Russie, les compagnies de réserve servent, dès 1808, de réservoirs pour les régiments. La compagnie de lAin commence à fournir dès le 4 mars 1808, des hommes pour larmée. Le premier fusilier à partir rejoint le 4e régiment de cuirassier à Lodi. Ces ponctions dans la compagnie de réserve nont lieu quen 1808 et 1812 : une quinzaine de fusiliers sont incorporés dans les troupes de ligne. Ils ne sont pas tous versés dans linfanterie de ligne mais dans des corps prestigieux : 4e régiment de cuirassiers, 3e régiment de hussards (ex Esterhazy), 2e régiment dartillerie et infanterie de la Garde de Paris. Les hommes incorporés dans ces troupes, partent pour leurs nouveaux corps habillés en fusiliers de la compagnie de réserve de lAin. Arrivés à Lodi, Vérone ou Paris, ils donnent au magasin de leur nouvelle unité leur tenue de fusiliers de la compagnie et touchent leur nouvel uniforme. Les tenues de la compagnie de réserve devraient alors, suivant les vœux du ministre, renvoyées à la préfecture de lAin, à la charge du Gouvernement, par le biais dun commissionnaire ou dune entreprise de transport militaire. De fait, certaines restent sur le dos de leurs propriétaires avec lesquelles ils font campagne en Espagne notamment[1].

 

Par le décret du 3 janvier 1812, Napoléon autorise les enrôlements volontaires dans les compagnies de réserve des départements. La seule obligation est la taille minimum similaire à celle de linfanterie. Dès lors le service dans les compagnies de réserve devient aussi intéressant que le service dans les troupes de ligne puisque les frères des enrôlés dans les compagnies de réserve bénéficieront du droit à être placé à la fin du dépôt. Le 15 janvier, le préfet fait passer aux maires des communes de lAin une circulaire contenant le décret de lEmpereur. Cet engagement nest alors valable que jusquà complément de la compagnie, hors dans lAin, à cette date, seulement 3 places sont vacantes dans la compagnie de réserve. Pour les conscrits de 1812, lengagement doit se faire avant le tirage au sort. Ils doivent se faire connaître auprès de leur maire, qui fait passer leur dossier à la préfecture. Le 29 août, le préfet de lAin fait parvenir une nouvelle circulaire aux maires. En effet, les places vacantes nayant toujours pas été pourvues, le préfet afin de les compléter, donne de nouvelles dispositions pour lengagement de volontaires : ils devront avoir entre 18 et 40 ans. Malgré tout, le 20 novembre, 4 places sont toujours vacantes et le restent sans doute longtemps, car avec l'effort de guerre de 1812, les hommes de la compagnie de réserve n'y reste pas longtemps, les 15 et 18 novembre 1812, deux fusiliers de la compagnie de réserve arrivés le 10 octobre, sont mis en route pour les 7e et 42e Régiments d'Infanterie de Ligne. Le préfet, soucieux de compléter sa compagnie demande aux maires une nouvelle publicité du décret du 3 janvier, en les informant, que les conscrits de 1813 sont admis à senrôler. Si les archives ne font plus mention de la compagnie de réserve de l'Ain, en 1814, les membres de la comp de réserve de lAin participent, dans dautres unités comme le 96e régiment d'infanterie de ligne[2], à la campagne de France[3]. Lors de la première Restauration, le lieutenant Divoley, commandant la compagnie départementale de l'Ain invite le préfet de l'Ain à "délivrer devant la compagnie assemblée et comme un gage de la satisfaction de leurs chefsquatre brevets de la décorations du Lys pour les sieurs Large, sergent, Morelet, caporal, Néron, caporal et Maison, fusilier de la compagnie départementale"[4].

 

Jérôme Croyet
docteur en Histoire


[1]              C’est le cas en Espagne, où un bouton de la compagnie de réserve de l’Ain a été retrouvé en 2006.

[2]              Benoît Blochet, né le 22 novembre 1792. Il entre dans la compagnie de réserve de l’Ain le 7 mars 1813 jusqu’au 25 juillet 1813 où il entre au 96e régiment d'infanterie de ligne. Il fait la campagne de saxe de 1813 et de France de 1814. Rappelé en 1815, il combat à en Belgique. Forgeron demeurant 7 rue de l’Osserie à Lyon en 1857, il reçoit la médaille de Ste Hélène.

[3]              Pierre Louis Grosset, né le 16 août 1793. Il sert dans la compagnie de réserve de l’Ain du 27 août 1813 au 29 septembre 1815. Il fait la campagne de France en 1814. Cordonnier 18 rue de Tolozan en 1857, il reçoit la médaille de Ste Hélène.

[4]              Lettre de Divoley au préfet de l'Ain, A.D. Ain 3R.

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