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décembre 1805 : lettre d'un fusilier du 28e à sa mère

 

A madame veuve Marchal demeurant rue Saint-Antoine, face à la rue du Four, n°60 à Paris.

Lardsons, ce 18 d’Avril 1806

Chère et tendre mère,

Je me fais l’honneur de vous écrire ces deux lignes pour prendre connaissance de l’état de votre santé et en même temps pour vous assurer de l’état de la mienne. Elle est très bonne grâce à Dieu. Je souhaite que la présente vous trouve de même, aussi mes frères, ma sœur et tous nos parents.

J’entend bien ma chère mère que vous m’accusez de négligence à cause de mon long silence ; mais, mais j’ai des raisons justes et légitimes pour trouver grâce auprès de vous. J’ai premièrement à vous représenter la grande misère que j’ai enduré pendant trois mois que nous avons couché au bivouac après avoir passé le Rhin ; nous l’avons passé le 5 vendémiaire dernier et nous avons poursuivit nos ennemis jusqu’au pré, dans une ville qui s’appelle Munich et où il s’est donné la première bataille qui a duré trois heures après la ville a été à nous et on a pris une partie des ennemis qui étaient dans la ville et sont qui s’étaient échappé ont été pris à Lintz et de là, nous avons poursuivit notre route pour Vienne . Que nous marchons de l’autre côté de Vienne pour aller attendre les Russes qui venaient en grande force mais nous avons eu encore une belle bataille à douze lieues de Vienne auprès d’une petite ville qui a été brûlée entièrement ; et après nous avons, avons marché jusque dans une plaine qui s’appelle Austerlitz où était la personne de l’Empereur de Russie et l’Empereur d’Autriche qui attendaient avec cent milles hommes. Mais notre invincible Empereur avec son armée les a vaincu entièrement. On leur a pris 40 drapeaux, 20 généraux, 14 étendards et plus de 30 000 prisonniers mais heureusement, j’ai échappé à tous les coups et je n’ai pas été blessé nulle part et après on nous annonce que nous avons la paix et nous sommes revenus en cantonnement à trois lieues de Vienne où j’ai resté un mois malade à l’hôpital de Vienne. Après je suis venu rejoindre le régiment qui était cantonné à 7 lieues de Lintz ; de là, nous sommes venus dans le cantonnement que nous occupons actuellement.

Rien autre chose à vous marquez. Je finis en vous embrassant de tout mon cœur, mon frère et ma sœur et mon oncle Vielle ainsi que ma tante Vielle et aussi ma tante Marchal.

Voilà mon adresse, à monsieur Marchal, au 28e régiment de ligne, 2e bataillon, 5e compagnie, à la Grande Armée.

 

Je vous prie de bien faire des compliments à monsieur et madame Valand de ma part.

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