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Consulat : un officier du 6e léger écrit à sa femme à Laval

Le capitaine Coligny sert à la 6e demi-brigade d’infanterie légère.

Il écrit à sa femme et à son fils, chez son beau-père, rue de l’égalité à Laval.

 

« Port Brieuc, le 15 floréal an 7e année républicaine

Le retard, ma bonne amie, que j’ai mis à t’écrire, fait surement parvenu, tu ne dois pas m’en vouloir et [ce] n’était que la crainte de t’affliger qui m’a fait rester autant de temps sans te donner de mes nouvelles.

Sœur Brosset, en m’écrivant, a bien soulagé mon sœur, quoique je lui avais bien défendu de ne montrer ma lettre à personne. Elle me marque dans sa dernière [lettre] qu’elle l’a fait voir à mon père puisqu’il en a eu connaissance. Tu ne dois pas en ignorer le contenu.

Je t’écris donc avec plus de tranquillité et te prie, en grâce, de ne pas m’en vouloir car le moindre reproche de ta part me serais plus sensible que toutes les peines que j’endure dans ce moment.

Il vient d’embarquer 500 hommes de notre bataillon seulement, Saint-Omer est du nombre des officier qui sont embarqués et m’a bien recommandé avant de partir : que quand je t’écrirai de te rappeler à son souvenir.

J’aurais bien désiré être du nombre mais l’on a voulu que ma compagnie reste à l’état-major, ne penses pas que si j’ai désiré de partir, il ne m’aurait pas été dur de m’éloigner de toi, au contraire, c’est que j’aurai été à même de te soulager avec les trois mois d’appointement que l’on donne d’avance.

L’on ne sait pas encore leur destination, les uns disent que c’est pour Cadix, l’on ne peut rien assurer. Saint-Omer m’a écrit au moment où il mettait la voile qui était le 5 de ce mois. Tu peux croire la peine que cela m’a fait en quittant un ami aussi sincère que lui.

Prends patience, avant peu il faut espérer que nos peines finiront.

Embrasses mon papa, Nanon, mon fils et nos amis.

Ecris moi souvent.

Ton tendre ami

Coligny, capitaine

 

Grenoble le 3 prairial an 9e année républicaine

Je t’ai fait un peu attendre, ma bonne amie, mais je ne pouvais pas aller plus vite. Tu trouveras ci-joint la reconnaissance que je t’avais parlé dans ma précédente dans ma précédente [lettre]. Tu feras attention et tu observeras au directeur de la poste de Laval que j’ai mis à la poste de Grenoble à ton adresse, treize louis en or, pesant en tout le poids de trois livres et six sols, pour le port de l’argent, tu dois toucher net douze louis et demi qui font bien cent écus comme actuellement l’on compte par francs et par livre tournois, c’est pour cette raison qu’ils ont mis trois livres de moins sur la reconnaissance, néanmoins en touchant les mêmes pièces, tu y trouveras toujours ton compte.

Je crois t’avoir marqué que nous devions aller à Paris, l’on ne nous parle plus de ce voyage, cependant, nous croyons qu’il y aura des fédérés de chaque corps ; si cela est, le chef de brigade m’a promis de [me] mener avec lui, nous sommes très amis ensembles.

Quand à la ville que nous habitons, elle est très agréable, quoique l’Italie soit un très beau pays. Il n’y a rien de tel que la France, je croyais pour un temps que jamais je ne la reverrai mais Dieu et la Bonne Vierge ont pourvu à tout, surtout n’oublies pas ma chandelle à Anvenier.

Commandes toujours à mon Coligny, la sagesse et dis lui que je suis charmé qu’il persiste toujours dans ses sentiments républicains, c’est à présent plus que jamais qu’il faut kui faire répéter sa prière le soir.

Embrasses mon papa, Nanon, mes enfants et la famille et amis.

Au revoir ma Manon, crois à l’attachement de ton ami, de ton époux.

Coligny, capitaine

 

Au camp d’Etaple, le 21 frimaire an XII

Coligny père et son cher fils

Tu dois croire, mon cher enfant, le plaisir que tu m’as fait en voyant que tous les jours, tu profites pour ton éducation. Conserves toujours ce même zèle et par la suite tu n’en seras pas fâché.

Je n’ai pu, mon bon ami, remplir ta commission auprès du général Macon. Etant parti pour Paris et ne commandant plus le corps, mais il ne t’oubliera pas. Je viens de lui écrire et je lui ai fait part de ta lettre, si je n’ai pas répondue à ta maman, plutôt, c’est que j’étais sur mer et je n’avais pas reçu sa lettre et je ne l’ai trouvé qu’à mon retour, ainsi que la tienne.

Portes toi bien mon bon ami et crois à la tendresse paternelle de ton ami.

 

Coligny »

 

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