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1863 : Camérone

Corps expéditionnaire du Mexique

Etat-major géénral

n°140

 

Cerro San Juan, 8 mai 1863

 

Ordre général

 

Le 30 avril dernier, la 3e compagnie du 1er bataillon du régiment étranger, envoyée de Chiquihuite au devant du courrier et d’un convoi venant de Vera-Cruz, a été assaillie aux environs de Camerone, entre Palo-Verde et Paso del Macho, par des forces ennemies évalues à 1 000 hommes de cavalerie et 1 500 d’infanterie.

Après avoir soutenu en plaine un combat inégal, et opéré sa retraite sur Camerone en bon odre et en formant plusieurs fois le carré, cette compagnie forte de 62 hommes, se réfugia dans une des maisons de Camerone. Là, sous le commandement de trois intrépides officiers, mms Danjou, capitaine, Vilain, lieutenant et Maudet, sous-lieutenant, qui surent inspirer leur énergie à leurs soldats, la maison fut mise rapidement en état de défense, et cette poignée de braves, résolus à périr plutôt que de se rendre, soutint les assauts répétés de l’ennemi depuis 7 heures du matin jusqu’à 7 heures du soir jonchant les abords de la maison de plus de 200 cadavres mexicains. Alors, ayant épuisé toutes ses cartouches, la compagnie entière succomba, après que la maison si vaillamment défendue eût été incendiée par l’ennemi.

Noble défaite, plus glorieuse que la victoire de 2500 bandits qui, devant une pareille résistance, n’ont pas su comprendre ce qu’elle avait d’héroïque, et n’ont pas eu honte de la vaincre, en brûlant ceux que leurs balles n’avaient pû atteindre.

Honte à ces lâches ennemis, prétendus civilisés et qui, bien loin de ces arabes qu’ils traitent sans doute de barbares, n’ont pas su, comme eux à Sidi Brahim, offrir la vie sauve à cette poignée de héros du régiment étrangers, comme ces arabes l’avaient fait pour les chasseurs du 8e bataillons, dont l’intrépide défense dans un marabout avait excité leur admiration.

Honneur à cette brave compagnie, dont la conduite en cette triste circonstance aura un glorieux retentissement, partout où l’on sait comprendre ce qu’a de sublime le sentiment du devoir, poussé jusqu’au mépris de la mort.

 

Au quartier général devant Puebla, le 8 mai 1863

le général de division commandant en chef

 

signé Forey

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