1755 : l'académie de Bresse

L’académie littéraire, éphémère, de Bresse

L’Académie  littéraire de Bourg disparaîtra moins de deux ans après sa création. Ainsi, sa brève existence ne lui permettra pas d’avoir l’ouverture sur la Province ni l’influence politique  qu’aura plus tard la Société d’Emulation de Riboud.

L’idée de mettre en place une société savante à Bourg n’est pas nouvelle car déjà en 1755, soit près de quarante ans avant le début officiel de la Révolution, Jérôme Lalande, alors avocat au barreau de Bourg en Bresse, passionné d’astronomie, et ami de plusieurs philosophes, crée dans cette même ville une Académie Littéraire,  notamment avec Jean Bernard, Monsieur de Lucinge, et le docteur Monnier.

Il s’agit d’une assemblée de littérature dont  la première séance a lieu le 27 décembre 1755.

Mandrillon rappellera d’ailleurs plus tard dans « «ses pièces en vers à la Société d’Emulation », l’existence de cette académie de Lalande[1]. Les membres de cette société,  personnages illustres et connus, se rassemblent chaque mardi.

Durant la première année de son fonctionnement, la société n’a pas eu d’existence légale et il faudra attendre la dix-septième réunion en 1756 pour que le règlement et les statuts de la société soient établis, ce qui confèrera une certaine légitimité à cette académie, jusque-là informelle.  L’académie n’a pas une existence reconnue par les lettres patente du Roi.

Bourg est  à cette époque,  la seule ville de France à posséder une académie, sans avoir  d’université, de Parlement ou d’évêché. Cette société littéraire est surtout constituée  par un cercle de personnes  éclairées qui souhaitent se distraire, en dissertant sur un certain nombre de sujets.

Cette académie, qui compte une douzaine de membres, est composée de chanoines, de nobles de médecins mais surtout d’avocats et de magistrats. On trouve par exemple Vincent, premier avocat de Bresse, ainsi que Dombey, botaniste. Les membres parlent d’économie, d’histoire et de poésie. Les assemblées ont lieu  en centre ville,  chez le Conseiller du Présidial de Bourg en Bresse, Jean Bernard.

Malheureusement cette société littéraire qui n’est pas appréciée par le gouvernement royal  disparaîtra  en  1757.

Néanmoins, l’amitié de Lalande avec Voltaire et d’Alembert, son admiration pour Rousseau, et sa participation à l’Encyclopédie[2] font de lui un homme des Lumières à part entière.

Les raisons de sa disparition restent aujourd’hui encore incertaines. En effet, jusqu’au XIXème siècle, les auteurs ont d’abord considéré qu’elle avait été interdite  par le gouvernement royal suite à l’attentat de Damiens contre le Roi Louis XV le 28 mars 1757. En effet, leur position était fondée sur le fait que sa fermeture a eu lieu le lendemain de cet évènement. Toutefois, cette hypothèse paraît curieuse puisque cette information n’était probablement pas encore connue en Bresse à cette date. D’ailleurs, suite à la découverte de diverses correspondances, émanant des membres, il a finalement été avancé que cette société avait disparu en raison de la mort de plusieurs de ses associés, qui n’ont jamais été remplacés.

 

Mélanie Savournin,

Mémoire de Master II recherche Histoire du droit et des institutions sous la direction de Madame Agnès BOUCAUD- MAITRE, Lyon III, 2007 - 2008

 

 



[1] Registre des délibérations de la Société d’Emulation de Bourg A.D Ain, D1 p 116.

 

[2] Il a écrit près de 250 articles sur l’astronomie et la Franc maçonnerie dans l’Encyclopédie.

Écrire commentaire

Commentaires: 0