1814 l'expo : les exactions de Maillat

Les exactions de Maillat

A Maillat, les paysans, aidés de ceux de Cerdon et de la Couche du Val, tendent une embuscade à un escadron Autrichien qui laisse prêt de la moitié de son effectif sur le carreau. En retour de ce que les paysans « ont voulu se défendre dans la village de Maillat,…les Autrichiens [l’]ont brûlé pour les punir »[1]. En effet, alors que les paysans sont dispersés, « l’ennemi entre à Maillat, brûle, saccage les habitants. Sept sont tués à coup de lance dans leur maison. Mr l’abbé La Chapelle curé est maltraité. La troupe croit qu’il est l’instigateur du mouvement. Mr le comte de Maillat et madame de Montanges sont maltraités, pillés et incendiés. Mr de Maillat était âgé de 86 ans et Madame de Montanges sa sœur l’était de 82. Ils résistent tous deux aux coups qui leur sont donnés, mais ils intimident ces féroces soldats par leur constance et leurs fermeté. Deux hussards veulent tirer leur pistolet sur ces vieillards déjà dépouillés. Ils leur demandent de l’argent. Mr le comte répond : j’ai tout donné, je n’ai plus rien. Tirez, si vous osez. Les pistolets tombent des mains de ces brigands. A l’instant arrive un officier. Il ordonne de retirer le feu qui était dans les lits et dans les chambres. Le château fut délivré miraculeusement. Dieu veillait sur la conservation de ces deux personnes saints par la régularité de leur vie, par leur exemple et par la distribution annuelle de leurs revenus aux pauvres et aux incendiés de leur village »[2].

La nouvelle de cette sanction exemplaire circule rapidement et est commentée : « Le village de Maillat fut brulé pour avoir les habitants des environs opposé de la résistance aux armées autrichiennes » [3]. Toutefois, le 24, la nouvelle des combats de Maillat et des Balmettes « contente [les habitants de] la ville » [4] de Nantua.

Le saccage de Maillat marque les militaires qui ne manquent pas de le noter dans leurs mémoires, comme Drujon de Beaulieu : « l’ennemi qui depuis longtemps était aux portes de Paris et de Lyon, venait seulement de pénétrer en force dans ce pays qui est hérissé de montagnes, séparées entr’elles par quelques vallées étroites…à la nouvelle de l’invasion, des hordes nombreuses de montagnards, réunis au son du toscin…ils sont armés de mille façon diverses et grotesques ; ils attaquent les éclaireurs de l’ennemi et en immolent quelques-uns à leur fureur, mais ils payent chèrement leur entreprise, le village de Mailla près de Nantua, est incendié par les Autrichiens et plusieurs de ses habitants périssent par le fer. D’un autre côté les montagnards sont plus heureux, ils élèvent des barricades à l’entrée des gorges qui conduisent d’Ambérieux à Belley, interceptent la route par une saignée profonde, résistent pendant deux semaines, à des forces considérables, et ne cèdent le passage qu’au moyen d’une capitulation honorable »[5]

 

Asso SEHRI

2014 : expo du bicentenaire de 1814 dans l'Ain - château des Allymes - médiathèque de Nantua

 



[1]     CROYET Jérôme : « Journal d’un bourgeois burgien » in Mémoires d’Invasion 1814 – 1815 édité et publié par la SEHRI, juin 2010.

[2]     Notes de Collet de Nantua. Ces mémoires ont été déposées aux Archives Départementales de l’Ain début 2008 par Dominique Saint Pierre. http://sehriasso.chez.com/labibliothequesc/m-moires-d-invasion-1814-1815.pdf

[3]     Note du curé de Saint-Jean-sur-Reyssouze, 1814. A.D. Ain 111J 465.

[4]     Notes de Collet de Nantua. Ces mémoires ont été déposées aux Archives Départementales de l’Ain début 2008 par Dominique Saint Pierre. http://sehriasso.chez.com/labibliothequesc/m-moires-d-invasion-1814-1815.pdf

[5]     DRUJON DE BEAULIEU : Souvenirs d’un militaire pendant quelques années du règne de Napoléon 1809 – 1814. Edité par un demi-solde, Paris, 2009.

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