1831 : La Nouvelle Chouannerie

"Civray, le 16 septembre 1832

Mon cher patron, j’ai reçu à Poitiers la lettre que vous m’avez eu la complaisance de m’y adresser ; elle était remplie de détails intéressant et donnés avec un ton d’amitié auquel je suis très sensible. Je n’ai pas le temps en ce moment de causer chouannerie ou politique avec vous, bien que le sujet m’intéresse fort comme vous avez raison de le penser. Je prends la plume pour vous dire à la hâte que par une lettre du 14, mr Parigot et mr Bogues, président et conseiller à la Cour, ont offert leur démission pour ne pas signer l’arrêt de mise en accusation de la duchesse de Berry. Peut-être la Gazette de l’Ouest aura-t-elle fait parvenir cette nouvelle jusqu’à vous, mais pour le cas ou cela ne serait pas, je crois devoir vous en informer. Cependant, cet incident est peut-être de nature à interrompre la communauté de nos travaux, soit qu’il vous fasse appeler à un poste auquel vous convenez à tous égards et auquel vous avez plus de droits qu’aucun autre ; soit parce qu’il facilitera ma translation à Poitiers par les changements qu’il va occasionner".

 

Cet extrait de lettre est adressée au procureur du Roi, Tortat, à Saintes.

Qui est ce Tortat et quel est cette chouannerie ? 

 

 

Antoine Tortat nait à La Châtre, Indre, le 30 octobre 1775. Fils de Georges-Antoine Tortat, procureur à la Prévôté royale et procureur fiscal de plusieurs juridictions seigneuriales, et de Marie-Anne Rousseau. Il arrive à Paris en août 1794. Avec le soutien du conventionnel Porcher de Richebourg, il est nommé secrétaire à la division judiciaire du Comité de législation de la Convention nationale. Après vendémiaire an IV, il devint aide-garde-magasin de fourrages à l'armée de l'Ouest, attaché au magasin de Sainte-Hermine, puis à la fin de décembre 1795, il prend le service du cantonnement de Chantonnay puis de celui de la Roche-sur-Yon. Il se marie le 28 aôut 1797 à Chantonnay avec Marie-Madeleine-Eléonore-Hortense Marchegay de Ludernière, avec qui il a 5 enfants. En 1801, il est nommé avoué près le tribunal du district de Montaigu, licencié en droit à Poitiers en 1804. En 1808, arrivant d’Espagne, Napoléon passe à La Roche-sur-Yon. Il rejoint Nantes par les 4  Chemins de l’Oie et Montaigu là où seule la maison d’Antoine Tortat est digne de l’accueillir. À cette occasion, l’Empereur discute de différents problèmes de législation avec Tortat. La conversation se prolonge dans la soirée. En 1810, Tortat est nommé électeur pour le collège d'arrondissement de La Roche-sur-Yon et juge suppléant près la cour d'assises. En 1814, il est adjoint au maire de la ville mais est révoqué de ses fonctions durant les Cent-Jours. Il se retire alors à La Rochelle. Après Waterloo, il revient à la Roche-sur-Yon, et accepte les fonctions de maire le 18 août 1815. Il démissionne en mai 1817, ne pouvant vaquer à ses occupations personnelles. Le Conseil Municipal refuse et il continue ses fonctions jusqu'au 5 septembre 1819. Désireux de revenir à son cabinet, il donne à nouveau sa démission. Nommé juge d'instruction, en 1830, puis Procureur du Roi, le 18 mars 1831. Il fait la chasse aux royalistes et aux chouans.

 

Le 9 novembre 1831, il perquisitionne la propriété de Madame de La Rochejacquelein, qui parcourt alors toute la rive gauche de la Loir pour exciter ceux qui hésitent, rassemble des fonds et des munitions, collecte des informations, tandis que Mlle de Fauveau dessine «des modèles d'uniformes pittoresques pour les troupes». Lors la perquisition, on découvre de la poudre, une presse lithographique et 20000 pierres à fusil, dans une métairie. Félicie et son amie, cachées dans un four, tombent aux mains de la police. Toutes deux sont astreintes à résidence à Landebaudière, cerné par un bataillon d'infanterie. Déguisée en fille de cuisine, mme de la Rochejacquelin parvient à s’enfuir. Antoine Tortat démontre aux autorités qu’il détient les preuves matérielles de conspiration en vue d’une possible guerre civile, mais la fuite de Madame de La Rochejacquelein paraît néanmoins suspecte. C’est ainsi que le Président du Conseil, Casimir Perier, obtient sa révocation à la faveur d’une campagne de dénigrement. Antoine Tortat est innocenté de toutes les accusations portées contre lui et, réhabilité. Il est nommé Procureur du Roi à Saintes. Il décède le 30 juillet 1856, à Ranzanne, commune de Soulignonnes.

 

 

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